Plus de 60 ans après la trilo­gie kitsch d’Ernst Mari­schka et sa version roman­ti­sée de Sissi inter­pré­tée par la magni­fique Romy Schnei­der, la cinéaste autri­chienne Marie Kreut­zer propose avec Corsage une nouvelle vision de la célèbre impé­ra­trice plus moderne, mais trop froide et trop sage pour vrai­ment convaincre, malgré Vicky Krieps.

Vicky Krieps en noir derrière son loup à la table de Corsage, le film de Marie Kreutzer.

Le film nous plonge dans l’es­prit tour­menté d’une Elisa­beth d’Au­triche vieillis­sante (tout juste 40 ans), délais­sée par son mari, oppres­sée par la cour et prison­nière de son image de femme parfaite qu’elle essaie tant bien que mal de préser­ver (visage pâle et taille cisaillée par un corset étouf­fant). Bien loin des bals colo­rés et du roman­tisme cucu, ici l’im­pé­ra­trice feint le malaise pour échap­per à ses obli­ga­tions poli­tiques ou se réfu­gie dans la campagne anglaise brumeuse pour galo­per libre­ment loin de sa famille.

Vicky Krieps et Finnegan Oldfield couverts de chapeaux autour de l'appareil photo extérieur campagne dans Corsage
Vicky Krieps et Finne­gan Oldfield dans Corsage de Marie Kreut­zer.

Une version moderne de Sissi sans véri­table passion

A la manière d’une Marie-Antoi­nette chez Sofia Coppola ou Lady Diana chez Pablo Larrain (Spen­cer sur Amazon Prime), le film de costumes explose pour lais­ser place au portrait d’une femme indé­pen­dante qui s’échappe de son corset pour expri­mer son éman­ci­pa­tion. La réali­sa­trice autri­chienne Marie Kreut­zer (dont peu de films sont sortis en France jusqu’à celui-ci) propose donc une relec­ture moderne et fémi­niste du person­nage, inter­pré­tée avec brio par Vicky Krieps (récem­ment vue aux côtés de Gaspard Ulliel pour son dernier rôle dans Plus que jamais). Cela se ressent aussi dans la mise en scène qui s’oc­troie, comme Sofia Coppola en son temps, quelques fantai­sies anachro­niques comme la décou­verte préma­tu­rée de la caméra par Louis Le Prince (Finne­gan Oldfield), un trac­teur dans un champ ou une reprise d’As tears Go By des Rolling Stones à la harpe. Malheu­reu­se­ment, malgré sa joliesse et l’in­ter­pré­ta­tion habi­tée de son actrice prin­ci­pale (prix d’in­ter­pré­ta­tion à Cannes dans la section Un Certain Regard), ce portrait désen­chanté reste trop froid et trop sage, se lais­sant regar­der sans véri­table passion. Dommage.

Corsage de Marie Kreut­zer (1h53) avec Vicky Krieps, Florian Teicht­meis­ter, Katha­rina Lorenz et Finne­gan Oldfield. Sortie le 14 décembre.