Martin Scorsese ou Jonathan Demme avaient jeté l’éponge d’un biopic sur Bob Marley, faute d’accord des héritiers. On comprend que ce Bob Marley One love, hagiographique, sorte en grandes pompes aujourd’hui : les enfants et la veuve du mythique du King se sont impliqués de A à Z, et malheureusement ça se voit.

Voici donc le biopic officiel de Bob Marley, gentil, très gentil, même s’il débute par la tentative d’assassinat de 1976 avant son concert de Kingston. Il s’agit surtout pour ce pur produit commercial de filmer la sortie de son album le plus célèbre, Exodus, en 1977. Et de faire passer tous les messages positifs et lénifiants de la fin de sa vie, agrémentés de quelques flashbacks pour peindre en rose sa vie familiale. Une joliesse frisant la mièvrerie.

KIngsley Ben-Adir en playback pour les scènes de concert.

Biopic officiel et erreur de casting

Las, on n’y croit à peu près jamais. D’abord parce que Kingsley Ben-Adir a un physique plus proche du rugbyman de mêlée ou d’Usain Bolt que de la star rachitique du reggae. Ensuite et surtout parce que les scènes de concert défilent… en playback ! Contrairement par exemple au génial Elvis de Baz Luhrmann, le très obéissant Reinaldo Marcus Green a choisi de garder la voix de l’icône, plutôt que de rejouer vraiment les scènes live, ou d’utiliser des séquences d’archives.

Bob Marley One Love, plus aseptisé que la Star Ac’

Tout le monde fait semblant dans cette hagiographie archi-scolaire, qui est aussi un objet prosélyte, véritable catéchisme dub du Rastafarisme. C’est tout le problème de ce Bob Marley One love. L’amour le rend aveugle, la religion aussi, et évite toute complexité du personnage et du contexte. S’en suit un produit totalement artificiel, plus aseptisé qu’une saison 12 de la Star Ac’.

Les clichés sur Paris sont là pour assurer la promo française (qui n’a pas manqué) et la BO originale pour relancer les ventes du catalogue, à commencer par One Love ou Jamming. Vous pourrez toujours vous programmer une séance nostalgie très très sucrée pour la Saint-Valentin, sans oublier votre pop corn au miel. Mais c’est surtout le Marley de Kevin McDonald sorti en 2012 qu’il faut voir ou revoir, documentaire génial qui avait vraiment une autre gueule. La vraie.

Bob Marley One Love de Reinaldo Marcus Green (EU, 1h47) avec Kingsley Ben-Adir, Lashana Lynch, James Norton… Sortie le 14 février.

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