Holly­wood avait la gueule de bois depuis le 11 septembre. Finis les films d’ac­tion en plein cœur de Manhat­tan, fini les attaques des monu­ments natio­naux. Spiel­berg le savait, et s’en expliquait dans les bonus de l’édi­tion de ce qui reste sans doute un de ses plus grands films, resté mal aimé suite à sa brouille avec Tom Cruise.

Rencontre du Troi­sième type dans La Guerre des mondes.

Spiel­berg et Holly­wood après le 11 septembre

Avec La Guerre des mondes, Spiel­berg est donc allé revi­si­ter le film d’in­va­sion et la science-fiction, à commen­cer par E.T. et Rencontres du Troi­sième type. Pour, hors du temps (le film n’est jamais situé dans une tempo­ra­lité), trahir les peurs de l’après-11 septembre et montrer l’hor­reur que peut consti­tuer la survie.

Les scènes de foule de La Guerre des mondes.

Scènes poignantes de foules en errance qui ne peuvent pas ne pas rappe­ler la dépor­ta­tion des juifs, panique et para­noïa, avec Spiel­berg, ce ne sont pas l’ar­mée ou l’Etat améri­cain qui s’or­ga­nise (le film peut se situer partout dans le monde), mais bien chaque homme qui doit fuir pour sa vie. Toute ressem­blance avec aujourd’­hui n’est donc pas fortuite et ne fai rétros­pec­ti­ve­ment que confir­mer la gran­deur de ce film vision­naire.

La Guerre des mondes ou « nous sommes tous juifs »

Tom Cruise emporté par la foule.

Film-spec­tacle qui enchaîne les morceaux de bravoure avec un réalisme à couper le souffle (le paque­bot, l’at­taque de la ville par les tripodes), La Guerre des mondes a désarçonné une bonne partie du public avide de block­bus­ters et pour cause : « Nous sommes tous juifs », Spiel­berg ne dit rien d ‘autre que cela, nous pouvons tous être victime d’un exter­mi­na­tion qui nous vise et surtout, il va falloir désor­mais faire avec dans une huma­nité malade, insé­cure, agres­sée.

Premier film sévè­re­ment adulte du prince holly­woo­dien de l’en­fance, La Guerre des mondes est aussi un de ses rares films à gros budgets à éviter tous les pièges des chemins bali­sés des grands studios (il ne comprend par exemple que très peu de dialogues). Pour mieux réveiller pour secouer la conscience avachie de son spec­ta­teur. Et nous ouvrir les yeux sur la réalité du monde dange­reux autour de nous, encore aujourd’­hui.

La Guerre des Mondes de Steven Spiel­berg (2005, EU, 1h56) avec Tom Cruise, Dakota Fanning, Tim Robbins… Mercredi 13 mars à 16h, samedi 30 mars à 21h et dimanche 31 mars à 16h30 dans le cadre de la rétros­pec­tive Steven Spiel­berg à l’Ins­ti­tut Lumière, Lyon 8e.

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