Ça ne va absolument nulle part, mais qu’est-ce que c’est bien ! Au dernier épisode, le tueur-vengeur de la saga d’action la plus choue de ces dernières années avait pour programme : « Je les tuerai tous ! ». Pour ce dernier volet, un yakuza maniant le sabre à l’aveugle hors de tout réalisme lui conseille d’entrée de jeu : « Tuez-en le plus possible ! » C’et ce qui s’appelle progresser… Le programme de John Wick 4 est fidèle à la promesse de départ et ne fait pas semblant d’avoir inventé la poudre, même si l’ensemble se terminera par un duel au lever du soleil devant le Sacré-Coeur…

Un jour Porte des Lilas, vous pourrez dire : Keanu Reeves était là !

Scènes de baston infinies en tous genres sous les néons (génial séquence japonaise) ou dans les rues de Paris pour un finale des plus frenchy, Keanu Reeves ne se ménage pas dans John Wick 4 : pendu, battu, ratatiné, tombant du septième étage sur le toit d’une fourgonnette, on voit sur sa tête de lévrier, cheveux-mi-longs et longues gambettes arquées, qu’il a décidé de souffrir.

Tel un Little Bouddha devenu le Christ du cinéma d’action. Avec l’ex-cascadeur de Matrix et réalisateur attitré de la franchise Chad Stahelski aux commandes, on en prend prend plein les yeux. Car si vous avez un moment d’inattention, vous ne risquez pas de vous perdre : les cerisiers en fleurs vous rappellent le Japon, et la Tour Eiffel, Paris. Ça fait partie du charme de la franchise : jouer avec les clichés les plus reconnaissables pour porter le film d’action pur vers une forme de beauté abstraite.

Keanu Reeves, Little Bouddha devenu le Christ du cinéma d’action

Si au bout d’une heure de film le même monsieur sabre annonce déjà à son ami Keanu « finissons-en« , rassurez-vous, vous allez prendre du rab d’Osaka à Berlin avec nunchakus, course de motos, chorés de combat à mains nues avec coups de pieds de karaté et… un chien (pas celui de Keanu, il est mort), « soutien émotionnel » très efficace quand il s’agit de dépecer sa proie…

Du pur film d’action à l’ancienne donc, inoxydable comme Keanu, mais à la maestria visuelle continue, jusqu’au finale dans Paris pour le « coup de grâce » du Marquis de Brégand (épatant Bill Skarsgard en méchant déconstruit aux traits fins, ayant privatisé Le Radeau de la Méduse du Louvre pour en faire son salon personnel.

Keanu martyrisé, Keanu brisé mais Keanu libéré en haut des marches du Sacré-Coeur. On ne vous dira pas qui gagne le duel au soleil, mais le Christ a bien ressuscité…

John Wick 4 de Chad Stahelski (E.U., 2h49) avec Keanu Reeves, Bill Skarsgard, Donnie Yen, Ian McShane (sosie d’Al Pacino), Laurence Fishburne… Sorti le 22 mars. Désormais disponible sur Canal Plus.

Photos : Murray Close.