Grand acteur d’exception, Leonardo Di Caprio a eu son Oscar et il l’a bien mérité avec The Revenant d’Inarritu. Il a d’ailleurs, dans les meilleurs moments du film, une gueule balafrée et hallucinée, martyr et mystique comme les grands héros russes. Reste que le marketing à Oscars du film ayant beau nous expliqué dans quel froid horrible il avait tourné, comme le disait Gérard Depardieu (paix à son âme), « les caravanes des grands acteurs au cinéma sont bien chauffées ».
Di Caprio et une séance de foie cru digne de Koh-Lanta
Mais surtout, The Revenant le film n’arrive jamais à se hisser à la hauteur de son acteur, et ne joue le plus souvent que sur l’effet de sidération avec le dernier raccolage : une attaque d’ours qui confine au viol (Di Caprio se fait retourner par la bête), une séquence de foie cru digne de Koh-Lanta et un strip-tease givré dans une charogne. Si vous ne l’avez pas encore vu, on souhaite bon appétit aux plus masochistes d’entre vous.
Depuis Biutiful (2010), le cinéma d’Inarritu tourne autour du deuil irréparable d’un fils – son talon d’Achille autobiographique – mais pas toujours avec une grande subtilité. Ici, c’est une nouvelle fois Dieu qui, dans un grand numéro de supercherie morale, viendra apprendre au héros à retenir ses pulsions destructrices… alors qu’il vient de trucider tout le monde pendant 2h30 avec plus de giclées sanguinolentes que dans un abattoir.
Inarritu ou 10 fois le tour de la forêt dans la neige
Apr̀es avoir fait dix fois le tour des coulisses du théâtre en plans séquences dans Birdman, Inarritu fait cette fois-ci dix fois le tour de la for̂et dans la neige en Steadycam, en tournant sa caméra vers le ciel systématiquement pour se donner des grands airs mystiques. Vue la complaisance du carnage, on n’est pas sûr de trouver ça très spirituel, dans tous les sens du mot. Mais putassier, oui.
The Revenant d’Alejandro Gonzalez Inarritu (EU, 2h36, ressenti 36h02) avec Leonardo DiCaprio, la neige, du sang et Leonardo Di Caprio… Lundi 25 septembre à 21h10 gratuit sur France 3 puis en replay (n’en abusez pas).
