Ecrit et co-signé par Imen Gouali, une ancienne réalisatrice de Faites entrer l’accusé, Sans Issue, La Tuerie de Chevaline fait figure de documentaire nouvelle génération, et c’est vraiment bluffant. Cette enquête hors norme autour d’une exécution non élucidée est un modèle de reconstitution nouvelle génération, alternant archives et images de synthèse pour comprendre le déroulé et le contexte de ce quintuple assassinat.

Une des images de synthèse de reconstitution de La Tuerie de Chevaline.

Témoignage du principal suspect de départ, Zaad Al-Hilli, témoignages d’époque, rivalité de méthodes entre les polices française et anglaise, zones d’ombre exprimées par une comédienne anonyme citant le dossier, le plus bluffant dans La Tuerie de Chevaline, c’est la reconstitution minute par minute de ce qui s’est passé dans ce cul-de-sac et les dernières images – bien réelles – des victimes, qui nous sidère. En camping sur les hauteurs d’Annecy, apparemment insouciante, toute la famille de Zaïd Al-Hilli fut exécutée en quelques secondes par 27 balles à bout portant, sans que la voiture dont ils essayaient de s’échapper ne soit touchée. Un vrai travail d’orfèvre.

La petite fille de quatre ans, seule survivante

Le premier rebondissement sera de retrouver après huit heures de prostration la petite fille de quatre ans, seule survivante à être indemne, cachée sous les jupes de sa mère, restée cloîtrée et tétanisée dans la voiture au milieu des quatre membres de sa famille exécutés. « Not alive », comme elle finira par le dire aux enquêteurs, ayant compris le drame avant de se protéger comme elle pouvait.

Un fait divers absolument hors normes dont le documentaire retrace toutes les pistes : rivalité d’héritage entre les frères, documents professionnels potentiellement compromettants du père de famille ingénieur, liens immobiliers irakiens, avant qu’elles ne se referment une à une.

Reconstitution du trajet du cycliste, Sylvain Mollier, l’autre victime du drame.

La plus grande énigme judiciaire française

Car il y avait une autre victime, témoin de ce drame exécuté lui aussi, Sylvain Mollier, simple cycliste, et un mystérieux X5 BMW dont le trajet précis est parfaitement compatible avec le créneau de dix minutes méticuleusement reconstitué par les enquêteurs.

C’est l’objet du quatrième épisode, redistribuant toutes les cartes, la science balistique démontrant que la cycliste a été exécuté de deux balles de face en premier… Chacun des épisodes évoque méticuleusement suivie par les enquêteurs avant d’être abandonnée pour des raisons objectives d’alibi ou d’incompatibilité manifeste, quand bien même le suspect était idéal. Jusqu’à un chef d’entreprise lyonnais sans histoire adepte du parapente, ou un serial killer au même mode opératoire. En vain.

173 crimens restent non élucidés en France. Celui de la Chevaline reste sans conteste le plus énigmatique et celui qui a donné lieu au plus grand nombre de pistes crédibles. En butant jusqu’à présent sur le crime parfait. Mais comme le précise la dernière procureure en date, elle a la conviction d’une « piste locale« . Le dernier épisode s’intitule « Il est là ». Pas loin. Espérons qu’un ultime épisode de résolution viendra un jour couronner d’une résolution la plus grande énigme judiciaire française à ce jour.

Sans Issue, La Tuerie de Chevaline par Iman Gouali et Camille Bovier-Lapierre. 6 épisodes de 30mn sur Canal Plus.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez un peu de temps, nous aime­rions avoir votre avis pour nous amélio­rer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anony­me­ment à ce ques­tion­naire ou nous envoyer un email à [email protected]. Merci beau­coup !