Il faut tout d’abord régler le cas Brenda. Qui peut bien s’appeler Brenda de nos jours dans le sixième arrondissement… Eventuellement, la conséquence de parents trop biberonnés aux soaps américains, déterminant un avenir dévoué à l’influence cosmétique et aux selfies. En tout état de fait, il n’ y a pas de Brenda en cuisine. Et d’ailleurs Brenda n’existe pas. Ou presque… C’est en estimant la durée de vie de notre gaspacho (écrit bizarrement « gaspaccio » sur l’ardoise) que nous avons aperçu Brenda au coin du bar. Son existence a été fugace (on parle de l’entrée du jour) : c’est le destin des bonnes choses.

Brenda, un néo-bistrot à la cuisine maison idéale

La soupe fraîche très tomatée et contenue par un ramequin posé sur l’assiette est accompagnée d’oeuf mollet fumé et de feta, également fumée. « Par mon Jules », précise l’ardoise, qui milite pour l’expression libre. On apprendra plus tard par le chef, qui se nomme ni Brendon, ni Jules, mais Julien Mouquet, que le fumoir a été fabriqué à base d’une vieille armoire de sa grand-mère. Cela fonctionne idéalement avec la tomate.

Le ceviche, qui finira bien par devenir un des plats préférés des français (en tout cas des urbains), en suggestion à la carte, arrive précédant Elodie Mouquet (toujours pas Brenda). Européanisé, piment muet, mais excellent. On n’est pas surpris par la maturité de ce néo-bistrot à peine sorti du berceau : on avait déjà croisé les Mouquet’s (comme les surnomment leurs amis) au Moment à Vaise et à la Cambuse d’Arlette à Tassin, deux bonnes expériences. Il y a du métier tout fait main -de bons murs pro bien poutrés et des fenêtres sur le bistrot contemporain . De fait, rien d’étonnant à ce que le plat du jour (13€) ne fasse pas appel à une, mais trois viandes : tranches de veau dans le rond de gîte, volaille (blanc de poulet fermier) et bœuf (rumsteak, maturé 30 jours).

On a retrouvé Brenda, le mannequin du bar

Le tout en face à face avec une sauce dijonnaise, des courgettes et des pommes de terre sautées, chaque légume atteignant la justesse de cuisson idoine. Très bien aussi, le filet de dorade sauce vierge et le tian de de melon et nectavigne du dessert. Mais qu’en est-il de Brenda (quel sens du teasing !) ? Il s’agit d’un mannequin de magasin, déniché par hasard, et devenu l’emblème de l’établissement. Barbie grandeur nature, mais aussi Barbie vampire, si on en juge par son teint livide. Peut-être jalouse du galbe des cuisses de grenouilles, ce jour là à l’ardoise. La rentrée se présente plutôt bien.

Brenda et ses casseroles. 22, rue Cuvier, Lyon 6e. 04 72 37 75 09. Ouvert du lundi au vendredi à midi et mercredi et jeudi soir. Entrées entre 7 et 9, 50 €. Plats entre 13 et 24 € (sauf la côte de bœuf simmental à 59 €, mais elle pèse son kilo). Dessert : 7 €. Soir : ardoise de type tapas, mais il y a aussi les grenouilles, la côte de bœuf et un burger. La plupart des bouteilles peuvent être servies en pot. Verre de blanc Chapeau melon (on adore) : 4,50 €. Photos : Maxime Gruss / Exit Mag.