On avait connu avec plaisir Le Béranger dans cette rue un peu borgne. L’établissement avait fini par s’assoupir, avant de disparaître comme ces spectres qui, las de hanter le monde sans plus trop faire bouger les lustres ni même grincer les portes, rejoignent l’au-delà. Heureusement, Thibault de Larquier, après avoir bourlingué à travers le monde (il a travaillé sur des bateaux, dont des yachts), réveille tranquillement ce petit coin de nulle part.

Rascal from Little Odessa

Mettons tout de suite les choses au point, le nom de Rascal, très compatible avec Billy the kid dans Luky Luke, ne désigne pas ce genre de resto jouant au rebelle, sinon au semi-délinquant des cuisines, avec à la barre un chef tatoué jusqu’à l’intérieur de la tête. Rien de radical en l’espèce. Rascal est un bistrot du jour, contemporain dans le sens où il ne s’assied pas sur du pot au feu ou de la blanquette (pas de burger non plus). L’enseigne vient simplement des souvenirs New-yorkais du chef qui avait ses habitudes dans un restaurant intitulé Little Rascal.

Un pâté-croûte bien lyonnais

Tout d’abord, saluons le pâté en croûte maison (pâté-croûte en Lyonnais), bien fait goûteux, au porc et au riz de veau qui lutte à la fois contre la pâte molle de l’industrie et le lance- flamme de l’inflation. 12 euros la jolie tranche (plus des légumes en pickles), c’est cadeau vis à vis des nombreux établissements qui proposent sa sous-version à près du double.

Canard d’Ardèche

Le bistrot de quartier, fréquenté à midi par des salariés en pause, sait jouer de l’amortisseur. Inutile de déclencher le signal d’alarme « marre de la cuisine charcutobidoche ». L’autre entrée était essentiellement végétale : des haricots verts craquants et noisettes en salade sur une sauce féta légère. Mêmes précautions récurrente au niveau des plats du jour, cette fois de gros cannelloni fourrés mieux que les bottes du père Noël d’aubergine, d’épinard, de sauce au cresson et de ricotta (maison, ça bosse).

Chez Rascal, trop de suppléments tuent le menu…

Côté tataki de thonine (le thon et autres scombridés font partie des familles nombreuses) la dune de quinoa qui les surmonte, apporte de la légèreté et de la fraîcheur. Quant au canard (fermier d’Ardèche), il est aux petits oignons (le jus plus précisément), les betteraves crues s’intègrent parfaitement dans le plat. On aurait préféré un côté plus cacaoté dans une tarte au chocolat évoquant un bateau à voiles auriques. C’est bon et joli. Le service mériterait d’être plus bistrot (engagé comme on dit au rugby) et les tarifs plus simples : trop de plats de l’ardoise du déjeuner sont lestés d’un supplément qui contrarie l’idée de menu.

Rascal. 1 Rue Béranger, Lyon 6e. 04 78 52 38 68. Formule : 21 euros (midi). Menu : 25 euros (midi). Fermé samedi et dimanche, et le soir sauf jeudi et vendredi. Vins au verre : entre 6, 50 et 7 euros (ça calme sur l’idée de tournées apéritives).