D’un côté il y a le monde réel et de l’autre il y a le monde idyl­lique et très plas­tique de Barbie Land. Un para­dis rose rempli de barbies talen­tueuses, épanouies, heureuses et libres tandis que les Ken, eux, se contentent d’ex­hi­ber leurs pecto­raux à la plage… Barbie prési­dente (Issa Rae), Barbie écri­vain (Alexan­dra Shipp), Barbie physi­cienne (Emma Mackey) : au milieu de toutes ces varia­tions iconiques de la poupée le récit se concentre sur celle qui est sur le point de partir pour un voyage très inat­tendu : Barbie stéréo­ty­pée (Margot Robbie).

Cette Barbie (comme toutes les autres Barbies) vit la jour­née parfaite en boucle entre maison de rêve, travail grati­fiant et fêtes déme­su­rées avec ses amies… Mais, du jour au lende­main, l’an­goisse du monde réel la rattrape et elle se retrouve avec les pieds plats, des pensées morbides et, pire que tout, de la cellu­lite ! Accom­pa­gné par Ken (Ryan Gosling), qui s’est joyeu­se­ment incrusté sur la banquette arrière de sa voiture rose vif, elle part en excur­sion dans le monde réel afin de retrou­ver sa proprié­taire et comprendre ce qui lui arrive.

Barbie le nouveau film de Greta Gerwig avec Margot Robbie et Ryan Gosling

La crise exis­ten­tielle de Barbie

A peine débarquée à Los Angeles, Barbie est trou­blée par le compor­te­ment des hommes qui lorgnent sur elle (malgré une absence de vagin reven­diquée), mais aussi des femmes qui se moquent. « Tu donnes des complexes aux femmes depuis ton inven­tion, tu fais recu­ler le fémi­nisme de cinquante ans, et tu détruis la planète par le consu­mé­risme, espèce de fasciste. » lui assène une collé­gienne.

Ken, quant à lui, apprend les bases du patriar­cat ce qui conduit à une confu­sion hila­rante et de multiples gags visuels que Ryan Gosling livre avec un ton comique abso­lu­ment déli­cieux. Assaillie par la vérité du monde réel (non fémi­niste), et de Barbie Land (égale­ment non fémi­niste), Barbie se retrouve tota­le­ment débous­so­lée et remet en ques­tion le sens de son exis­tence tandis que le PDG loufoque de Mattel (Will Ferrell) la pour­suit et que Ken utilise toute sa nouvelle rage mascu­line pour boule­ver­ser l’idylle fémi­nine de Barbie­land.

Barbie le nouveau film de Greta Gerwig avec Margot Robbie et Ryan Gosling

Ryan Gosling vole la vedette en pleine auto­dé­ri­sion

Comme en témoigne le résumé, le film n’échappe pas à quelques soucis : une durée un brin exces­sive, une intrigue assez conve­nue et des gags qui reposent prin­ci­pa­le­ment sur les stéréo­types liés à l’uni­vers. Mais, Greta Gerwig et son compa­gnon Noah Baum­bach nous réservent quand même quelques belles surprises en explo­rant les crises iden­ti­taires de Barbie et Ken, en s’aven­tu­rant dans des séquences plus expres­sion­nistes (un bel hommage dansant à Chan­tons sous la Pluie), et en déli­vrant un discours à la fois humo­ris­tique et sensé sur les limites du fémi­nisme moderne et l’ab­sur­dité du patriar­cat.

Calvin Ken Ryan Gosling !

Mais surtout, les deux acteurs prin­ci­paux ne se contentent pas d’être incroya­ble­ment beaux. Eton­nam­ment en rete­nue comparé à son rôle dans Baby­lon, Margot Robbie finit par émou­voir en poupée qui s’af­fran­chit douce­ment du regard des autres. De son côté, Ryan Gosling lui vole carré­ment la vedette avec un rôle de mâle alpha fragile hila­rant, prou­vant une fois de plus ses talents d’ac­teur comique (foncez voir The Nice Guys). Un essai pas complè­te­ment trans­formé, mais assez amusant et sédui­sant pour en faire notre comé­die de l’été. Chic.

Barbie de Greta Gerwig (EU, 1h57) avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Will Ferrel, Emma McKay, Helen Mirren, Michael Cera… Sortie le 19 juillet.