A force de faire trois fois le tour de chaque pièce de son théâtre jusqu’au plafond, on aura compris qu’Olivier Py est bien surexcité à l’idée de son Molière Imaginaire. Malheureusement, pour les trois quarts du film, ce sera beaucoup plus pour parler de lui (et de son imaginaire) que de Molière

A part la référence historique, ce Molière imaginaire est avant tout une suite de son autobiographie théâtrale (la dernière s’appelait Ma Jeunesse exaltée et durait 11h), en reprenant son acteur fétiche du moment, Bertrand de Roffignac, en amant de Molière, pas très bien servi ici, comme l’ensemble des seconds rôles.

Exercice narcissique exaspérant

Bertrand de Roffignac et Laurent Lafitte.

Incontinence verbale et sempiternelles postures d’obsédé (du théâtre, du sexe au masculin et de la religion) Py ratiocine dans un exercice avant tout narcissique, frénétique et tournoyant. Les tripotages la main dans le sac sous l’eau de la baignoire et la séquence de pisse de la pauvre Catherine Lachens en massacrant une chanson baroque nous exaspèrent. Les généralités habituelles sur le théââââtre, la Frââââânce, la vie (et inversement) nous fait franchement bâiller.

Et Molière dans tout ça ?

Des « âcretés de la bile » à la « flatulence des humeurs« , la logorrhée grandiloquente de grands mots pour ne rien dire est d’autant plus navrante que, lorsqu’il laisse enfin un peu de place au Molière de Laurent Lafitte et à l’évocation du théâtre à l’époque, ce Molière imaginaire n’en devient que plus intéressant. A condition d’être d’une patience… d’ange. La fausse mort comme la vraie sont saisissantes, jusqu’à la toute fin qui sort de scène pour la fosse commune.

Le Molière imaginaire d’Olivier Py (Fr, 1h34) avec Laurent Lafitte, Bertrand de Roffignac, Stacey Martin, Catherine Lachens, Pierre-André Weitz, Judith Magre… Sortie le 14 février.