Tout commence par un scandale à l’école,  entre harcèlement et coup porté part un professeur sur un élève. Un scandale étouffé, à la japonaise. Enfin, c’est ce qu’on croit… Parce qu’en pleines possessions de ses moyens (prix du scénario à Cannes), Kore-Eda va raconter le drame façon Rashomon, soit successivement sous trois points de vue différents (la mère, le prof, l’enfant).

Avant d’en arriver à L’Innocence du titre et à la divine idylle queer et platonique entre deux jeunes garçons (Kore-Eda a aussi obtenu la Queer Palm), il faudra donc en passer par tous les malheurs qui s’accumulent sur les pauvres gens. Enfant différent au « cerveau de porc » (le « monster » du titre original ), orphelin de père , directrice qui a perdu son enfant dans un accident et typhon sur la ville et victime injustement accusée…

Mère et fils dans L’Innocence.

L’Innocence du poisson rouge en souffrance dans l’aquarium

Sous ses airs de ne pas y toucher (petite musique pleureuse au piano pour dégouliner sur la vie quotidienne d’une petite ville de province), Kore-Eda en rajoute quand même beaucoup. Même un poisson rouge dans l’aquarium souffre « d’insuffisance natatoire » la gueule ouverte… (véridique)

Quand on aura donc fait trois fois le tour de L’Innocence à travers trois points de vue sur le mode « c’est plus compliqué que ce que vous croyez », après moult digressions inutiles, on pourra donc toucher à L’Innocence, et faire l’éloge de la simplicité et de la spontanéité entre enfants. Certes, mais pourquoi ne pas avoir commencé par là ?

L’Innocence de Kore-Eda Hirokazu (Monster, Jap, 2h06) avec Soya Kurokawa, Sakura Ando, Eita Nagayama… Sortie le 27 décembre.