« En avant comme avant« … C’est le slogan choisi par Jean Leroy, le très catholique maire de Montreuil-sur-mer, pour sa campagne de réélection. La troisième, celle que précisément il n’ose pas annoncer à sa femme, Edith, qui elle-même n’ose pas lui avouer qu’elle s’est toujours sentie « homme« , et veut désormais devenir Eddy. Heureusement ou malheureusement, elle a décidé d’attendre la fin de la campagne électorale pour assumer publiquement sa transition…

Un Homme Heureux, une vieille comédie pour un sujet d’aujourd’hui

« En avant comme avant« , c’est aussi un peu le slogan du film du fils de Jacques Séguéla : faire du neuf avec du vieux, et pour aborder un sujet de société on ne peut plus contemporain, lorgner vers la grosse comédie beauf à la papa : repas de famille tradi, PMU, confession à l’église, malaise simulé à table pour éviter de dire la vérité et rebondissement lourdingue comme le coup de la panne (qu’on vous laissera découvrir.

D’un côté, le monde d’avant qui écarquille les yeux quand on lui parle des réseaux sociaux, et de l’autre une réunion trans d’entraide pour expliquer en 5 minutes tout le vocabulaire des identités de genre. Avec une musique qui plagie Vladimir Cosma au temps du Dîner de cons, cette drôle de mayonnaise ne risque jamais de prendre.

Fabrice Luchini sous-employé

Si on ne doute pas une seconde des bonnes intentions de ce Gazon maudit d’aujourd’hui (co-scénarisé par une personne trans), Tristan Séguéla reste malheureusement trop souvent au ras des pâquerettes du bon vieux catholicisme d’antan, à force de vouloir plaire à tout le monde et d’éviter le sujets qui fâchent. Même la question du corps, pourtant fondamentale, ne finit par être traité qu’à la toute fin du film, par une Catherine Frot constamment convaincante quand on veut bien ne pas l’affubler d’une moustache postiche…

Paul Mirabel et Thomas VDB pour distraire en seconds rôles

De la même façon, si on sourit un peu aux caméos de Paul Mirabel, Philippe Katerine ou Thomas VDB en plein contremploi, on regrette de voir confier un rôle aussi insipide que celui d’Un Homme heureux à un acteur de la trempe de Fabrice Luchini, condamné à faire la moue soit au conseil municipal, soit en travelo de carnaval (pour reconquérir sa femme, bien sûr)… Un homme heureux finit en film malheureux.Dommage.

Un homme heureux de Tristan Séguéla (Fr, 1h29) avec Fabrice Luchini, Catherine Frot, Philippe Katerine, Artus, Grégoire Bonnet, Camille Le Gall, Paul Mirabel, Thomas VDB… Sortie le 15 février. Désormais disponible sur Canal.

Camille Le Gal et Grégoire Bonnet, les seconds rôles sympathiques d’Un homme heureux.