A part une expo­si­tion un peu longuette de la famille des colverts, ça n’ar­rête pas de s’en­vo­ler et d’at­ter­rir dans Migra­tion, depuis le para­dis des canards jusqu’aux gratte-ciels dans la brume de Central Park. Et pour­tant, si les cadrages très réalistes comme en caméra portée en feraient presque un docu­men­taire anima­lier, l’al­chi­mie entre les studios Illu­mi­na­tion de Moi, moche et méchant et le dessi­na­teur français Benja­min Renner d’Ernest et Céles­tine n’opère jamais vrai­ment.

Un des nombreux vols de Migra­tion.

Migra­tion, tech­nique bluf­fante pour dessin animé assez ennuyeux

Les rares séquences un peu drôles comme le cours de relaxa­tion des poules blanches ou le tango en cage sont tout de suite avor­tées pour une énième course-pour­suite. Les réali­sa­teurs semblent courir après leur thème en perma­nence, en le décli­nant à toutes les sauces : à la campagne, à la ville, en cauche­mar en cuisine avec un méchant tatoué, ou chez un couple de hérons prêt à les dévo­rer tout cru.

La tech­nique est impres­sion­nante et la virtuo­sité indé­niable, mais les deux restent stériles. Le défi visuel, relevé haut la patte, ne nous emporte jamais vrai­ment, et finit même par faire écran aux person­nages – jamais vrai­ment singu­la­ri­sés – et à la promesse de départ. « Il ne s’agit pas de migra­tion, il s’agit d’aven­ture et d’oser ce que la vie peut nous réser­ver » dit la maman colvert au début du film à ses ouailles.

La famille Colvert en son étang.

Migra­tion, un conte d’ini­tia­tion avorté

Malheu­reu­se­ment Migra­tion, faute de magie, de person­nages et d »imagi­na­tion dans les situa­tions, ne décolle jamais vrai­ment. Et reste un conte initia­tique avorté au profit du seul prétexte d’une tech­nique ambi­tieuse.

Vous pour­rez toujours vous conso­ler avec le croco­dile apeuré qui annonce le prochain épisode chez les pingouins du Pôle Sud à la fin, ou surtout le court-métrage de Pierre Coffin qui précède cette Migra­tion, inti­tulé Moon. Une espèce de mambo en slip sur la lune qui retrouve, lui, toute la magie des Minions.

Migra­tion de Benja­min Renner et Guylo Homsy (EU, 1h22). Dessin animé. Sortie le 6 décembre.

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