Johnny, dix ans cheveux mi-longs, en pense pour son instituteur arrivé de Lyon à Forbach en Lorraine, promesse d’un avenir meilleur en lui faisant faire ses exercices et prendre la parole en public. Mais l’instituteur en l’aidant, lui, ne fait que son travail (Antoine Reinartz, certes irrésistible), sans la moindre ambiguïté, et ne comprend pas ce qu’il se passe. Le problème, c’est que rapidement, nous non plus, on n’a pas bien compris ce qu’il se passe, dans ce premier film de Samuel Theis en solo après avoir co-réalisé le joli Party Girl.

Antoine Reinartz prenant le pouls de son élève Johnny (Aliocha Reinert).

Petite Nature, petit film très narcissique

A force d’idéaliser son Johnny en objet sexué précoce de dix ans, de le faire reluquer son prof à la grosse moto avant de se faire inviter au Centre Pompidou de Metz en « nocturne » par sa femme (on est bien chez les bobos), Samuel Théis sur-scénarise une autobiographie manifestement à forte projection narcissique : baiser volé avec strip tease d’un gosse de dix ans, enfant battu de sa mère alcoolique (tout est ici de la faute des femmes), tentative de suicide quand il se rend compte que son désir n’était qu’un fantasme, ça finit par faire beaucoup…

Johnny et sa mère (Aliocha Reinert et Melissa Olexa).

Malgré la belle spontanéité dans le jeu d’Izia Higelin (madame l’instituteur), et les considérations sur la poésie et le métier de prof par le magnétique Antoine Reinartz, le contexte social entourant Johnny est bien balourd entre bad boys des bacs à sable sermonnés par la mère, malbouffe et colère pour un ersatz de Coca, et un rôle privilégié attribué à la religion catholique qui fera terminer le film par une curieuse communion, Johnny épousant la religion de sa mère alors même qu’il ne la supporte plus et veut justement s’échapper de son milieu…

Bref, rien ne tient et rien n’est crédible malgré la belle lumière chaleureuse du format Scope, et les tics esthétisants de l’inévitable danse finale sur musique hype finit de nous rendre ce premier long métrage bercé un peu trop près de son réalisateur passablement agaçant. Dommage.

Petite Nature de Samuel Theis (Fr, 1h33) avec Antoine Reinartz, Aliocha Reinert, Melissa Olexa, Izia Higelin…