C’est vraiment ce qui s’appelle le film du dimanche soir. Comme avec Huit Femmes puis Mon Crime, François Ozon adapte une pièce de boulevard, signée ici Barillet et Grédy. Avec une idée de génie de csting comme il en a souvent : confier le rôle de Jacqueline Maillan à la création à Catherine Deneuve, en vraie-fausse potiche qui va prendre sa revanche de blonde sur son mari réac comme pas deux, dix ans avant Bernadette…
Voici donc une Deneuve au brushing insolent qui joue à la bobonne domestique, avant de se permettre, rarement, un footing en survet’ rouge aux trois bandes, bien avant le revival d’Adidas. En fait, malin comme un singe qui sait nous faire grimper aux arbres de la comédie la plus satirique, Ozon utilise les ingrédients de départ entre lutte sociale et égalité des sexes pour rejouer la campagne présidentielle de 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy… Pour de rire, bien entendu.
Potiche, rien que pour voir Catherine Deneuve en survet’ !
Car cette Potiche très domestique va profiter de l’arrêt maladie de son PDG de mari (Luchini, impayable en puant irrésistible) pour prendre la tête de l’entreprise et lui montrer comment mieux s’y prendre avec les grévistes et les syndicats. « Casse-toi pauv’ con », Catherine dévoule et chamboul tous les plans en femme d’autorité qui s’amourache d’un syndicaliste le temps d’un slow parfait avec son partenaire de toujours, Gérard Depardieu, parfait nounours plein de tendresse.
Depardieu, Karin Viard et Luchini en seconds rôles
Comme pour Mon Crime cette année, Ozon s’approprie la pièce originale pour la pousser dans ses retranchements, en s’amusant autant du pouvoir quand il est féminin que quand il était masculin. Tout le monde en prend pour son grade, c’est mal pensant et divertissant comme on aime, avec des seconds rôles étincelants plus kitsh que nature, de Karin Viard à Jérémie Renier. Le film parfait du dimanche soir, on vous dit…
Potiche de François Ozon (2010, Fr, 1h43) avec Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Karin Viard, Gérard Depardieu, Jérémie Renier, Judith Godrèche… Dimanche 22 octobre à 21h puis en replay gratuit sur Arte.
