Autant l’avouer d’emblée, on avait un peu peur. À l’écran : des enfants médicamentés, câblés, allongés sur des lits toute la journée. Des organes défaillants. La mort qui rôde dans les couloirs de l’hôpital de la Timone de Marseille. L’angoisse des parents qui attendent un cœur, un foie, pour leur progéniture. La fatigue, l’espoir et le vomi. Bref, tous les ingrédients étaient là pour vivre une expérience aussi lourde que la vie sous dialyse. Sauf que rien ne serait plus faux. Malgré la dureté du propos, Revivre est un film d’une grande douceur.

L’histoire vraie d’enfants en attente de don d’organe

Le réalisateur Karim Dridi, nous plonge dans un huis clos sobre entre les murs du service de réanimation pédiatrique. La caméra filme au ras du lit des enfants, lesquels sont surplombés par les parents, médecins et les infirmiers. Dans cet univers anormal, les règles habituelles échappent à la logique. Comme ce père qui guette les décès d’enfants dans la presse locale, synonyme d’un potentiel don d’organe : « J’ai l’impression d’être un connard » confesse-t-il.

Revivre, entre humour et douceur

Chaque tâtonnement est une source d’espoir comme de déconvenue. Malgré ces dernières (et elles sont nombreuses), on est cueilli par la douceur des parents, d’abord. Envahis par leurs propres fragilités, ils doivent continuer d’y croire coûte que coûte pour transmettre cette force inconnue à un petit « crapaud » d’à peine quelques mois.

La douceur contenue du personnel soignant ensuite, qui peut enfin exploser à la fin du film. Enfin, la douceur de l’humour comme un pied de nez ultime face au désespoir. A la manière de ces deux parents qui argumentent pour savoir lequel des deux a le plus dormi. À court d’argument, le père prend la main de son fils pour faire un doigt d’honneur. On passe vite des larmes aux rires. On n’était pas les seuls dans la salle à renifler à la fin de la séance. Et ce n’était pas à cause du printemps précoce.

Revivre de Karim Didri (Fr 1h38). Documentaire. Sortie le 28 février.