Même ceux qui ne connaissent pas le nom de cet immense photo­graphe ont certai­ne­ment déjà vu une de ses œuvres. Ne serait-ce que les yeux de Mari­lyn Monroe, les photos de chiens et de chaus­sures prises au ras du sol, le baiser d’un couple dans le rétro­vi­seur d’une voiture au bord de la mer… Cette rétros­pec­tive Elliott Erwitt est à la hauteur de son sujet. 215 photo­gra­phies majeures sont expo­sées, béné­fi­ciant de beaux tirages (dommage qu’il y ait parfois des défauts d’éclai­rage).

Elliot Erwitt, une rétros­pec­tive à voir en audio-guide

Plusieurs d’entre elles sont commen­tées par l’au­dio-guide qu’il faut impé­ra­ti­ve­ment utili­ser pour saisir nombre de subti­li­tés qui n’ap­pa­raissent pas d’em­blée et de sacré­ment bonnes anec­dotes. Ainsi, cette fameuse photo où Khroucht­chev et Richard Nixon semblent près à se battre. Elle a été utili­sée sans l’ac­cord du photo­graphe dans un objec­tif de propa­gande, montrant que Nixon pouvait sérieu­se­ment montrer les dents quand il s’agis­sait de géopo­li­tique. En réalité les deux chefs d’État discu­taient âpre­ment des mérites compa­rés de la viande rouge et du chou.

Saint Tropez. 1959. (Magnum Photos)

« Je prends des photos sérieuses, de temps en temps. »

ELLIOTT ERWITT

Né en 1928, ce grand voya­geur fera l’es­sen­tiel de sa carrière au sein de l’Agence Magnum, illus­trant les plus grands maga­zines améri­cains tout en travaillant pour la publi­cité. L’ex­po­si­tion se scinde en deux grandes parties : le noir et blanc et la couleur. Cela tombe bien. Elliott Erwitt privi­lé­giait le noir et blanc pour son travail person­nel. La couleur corres­pon­dait plutôt aux photos de commande. Erwitt était virtuose, dans les deux nuances, maîtri­sant les lignes, tout en évitant toute retouche. Même dans les photos «  Reflex », saisis­sant pile le bon moment. C’est ce qui s’ap­pelle un œil.

Birmin­gham, Grande Bretagne, 1991. (Magnum Photos)

Elliott Erwitt, une passion pour les chiens

Outre l’in­cli­na­tion parti­cu­lière pour les chiens, les musées et les photos de rue, il faut appré­cier son humour et le sens de l’ab­surde qu’on retrouve chez Martin Parr. Mais la vision d’El­liott Erwitt est plus huma­niste. Une ques­tion : comment la même personne a pu prendre des clichés du Géné­ral De Gaulle et de Barack Obama ? Parce que Elliott Erwitt, c’est 80 années de photo­gra­phie. Il vivait encore à New York, à 96 ans, quand as débuté l’ex­po­si­tion à Lyon, et vient tout juste de décé­der. Eton­nant, non ?