A l’occasion de l’Oscar du meilleur réalisateur (sic) qu’elle vient de reporter, nous republions le portrait qu’on avait consacré au prix Lumière 2021.

Rare et inclassable, telle est Jane Campion. Avec 7 films en 30 ans, elle reste la première femme à avoir remporté la Palme d’or – archi-méritée – avec son film le plus célèbre, La Leçon de piano en 1993, visible en ce moment au best of du festival Lumière à l’Institut du même nom. Et désormais la première cinéaste à recevoir le prix Lumière le 15 octobre dernier (seules les actrices Catherine Deneuve et Jane Fonda avaient jusqu’ici représenté la gente féminine). L’occasion de revisiter une oeuvre des plus originales d’aujourd’hui : néo-zélandaise, elle a toujours eu un lien particulier avec les paysages, notamment lorsqu’il s’agit de revisiter l’histoire, depuis La Leçon de piano jusqu’à Bright Star, poème visuel et sensuel avec Ben Whishaw (le monsieur Q de James Bond) baigné par l’univers pastoral de John Keats. C’est d’ailleurs ce film qui avait été choisi pour poursuivre la cérémonie de remise du prix Lumière vendredi soir. Il n’est malheureusement plus visible dans le best of, mais d’autre redécouvertes vous attendent.

Abbie Cornish et Ben Whishaw dans Bright Star de Jane Campion (2009).

Esthète à la folie

Esthète, Jane Campion n’a pas seulement porter les fresques historiques vers la modernité, comme dans Portrait de femme avec Nicole Kidman en 1996, superbe adaptation de Henry James à revoir à l’Institut. Elle a toujours aussi exploité l’anormalité et la folie dès son premier long métrage, Un Ange à ma table (1990), dans lequel elle filme une même femme aux trois âges de sa vie, enfermée dans un asile, s’évadant par l’écriture… Formaliste, Jane Campion ne fait rien comme tout le monde, y compris dans le très beau In the cut, film de genre sensuel sous-estimé aux relations on ne peut plus troubles entre Meg Ryan et Mark Ruffalo, beau film sur le désir féminin, et seul film urbain de la réalisatrice, tourné à New York, produit par la fidèle Nicole Kidman, qui devait à l’origine interpréter le rôle principal.

Mark Ruffalo et Meg Ryan dans In The Cut de Jane Campion (2003).

Ce best of est donc aussi l’occasion de revisiter une des oeuvres les plus singulières du cinéma contemporain, avec aussi Holy Smoke, en attendant la cerise sur la gâteau Netflix : la projection de son dernier film avec Benedict Cumberbatch et Kirsten Dunst, The Power of the dog, adapté de Don Winslow et couronné du prix de la mise en scène à Venise. Il vous faudra pour cela attendre le 7 décembre et le Netflix film club prévu à l’Institut. Wait and see…

Best of festival Lumière, reprise de Lumière 2021 jusqu’au 16 novembre avec cinq films de Jane Campion : Un ange à ma table, Portrait de femme, La Leçon de piano, Holy Smoke et In the cut.