Notre critique enamourée de Decision to leave, le nouveau film du réalisateur acclamé de Old Boy. Un polar romantique inattendu et somptueux, prix de la mise en scène à Cannes cette année.
Ne cherchez pas le réalisateur d’Old Boy – défonçant les dents au marteau et déchiquetant les poulpes – dans le dernier Park Chan-wook. Decision to leave est un film d’esthète de pur cinéphile, utilisant la 5e de Mahler de la plus belle des manières depuis Mort à Venise, c’est dire… Un film où il ne se passe (presque) rien et dans lequel on ne comprend pas tout (mais suffisamment), l’antithèse absolue du cinéma d’action et de vengeance auquel le cinéaste coréen nous avait habitués jusqu’ici.

Prix de la mise en scène archi-mérité
La différence spectaculaire de son dernier film par rapport aux autres montre à quel point Park Chan-Wook est un maître… à condition d’en accepter le prix. Decision to leave est un peu à sa filmographie ce que Vertigo est à celle de Hitchcock : un film abstrait détournant le genre du film noir vers une narration purement visuelle et un romantisme opaque. Jusqu’à une scène finale sublime où vient s’inscrire le titre du film sur la mer qui efface les dernières traces d’une intrigue qui n’était que prétexte. Celle d’un détective qui fantasme sur la veuve d’un homme mort dans des conditions suspectes au sommet d’une montagne.

Baiser non élucidé
Autour d’un baiser volé au beau milieu du film, Park Chan-Wook tisse sa toile atmosphérique comme un peintre. Chaque plan est une véritable leçon de mise en espace dans ce film d’orfèvre d’une splendeur visuelle à couper le souffle qui n’a pas volé son prix de mise en scène à Cannes. A condition d’accepter l’augure des dédales infinis de ce que peut le cinéma. Certainement un de ses plus beaux films et assurément le moins accessible. Vous voilà prévenus.
Decision to leave de Park Chan-Wook (Cor, 2h18) avec Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyo… Sortie le 29 juin.
