DRAME AGRICOLE

Depuis Petit Paysan puis Au nom de la terre ou La Nuée, les difficultés du monde agricole ont fait leur entrée dans un cinéma français autrefois cantonné aux drames urbains. Pour son deuxième film, Naël Marandin l’aborde cette fois à travers un drame de mœurs particulièrement bien amené : celui d’une jeune femme tentant de reprendre l’exploitation familiale avec son fiancé en se confrontant au vieux monde des hommes : marchés aux bestiaux, enchères, pour s’agrandir elle obtient le soutien d’un représentant syndical particulièrement charismatique (Jalil Lespert, formidable d’ambiguïté magnétique), jusqu’à « céder »à une liaison trouble dans laquelle le rapport de domination sociale n’est jamais totalement étranger. Comme Slalom de Charlène Favier, La Terre des hommes pose la question du « rapport sexuel non désiré » selon les mots de son réalisateur, dans cette zone trouble du désir réciproque mais pas forcément consenti, que Naël Marandin a l’intelligence de laisser dans toute sa complexité dans sa seconde partie. Un excellent portrait de femme se battant en terre hostile, et un film social complexe et nuancé, ce qui ne manquera pas de faire mal aux bien-pensant(e)s, mais qui donne matière à un beau film de cinéma.


La Terre des hommes, de Naël Marandin (Fr, 1h37) avec Diane Roussel, Jalil Lespert, Finnegan Oldfield, Olivier Gourmet…
Sortie le 26 août.