Il y a de superbes scènes dans ce Retour, à commencer par les approches puis l’idylle saphique entre deux ados noire et blanche. Grâce à la photographie de Jeanne Lapoirie, Catherine Corsini réussit dans la première partie à saisir ces corps dans l’eau avec la dernière sensualité dans ce qu’on a pris un temps pour des Roseaux sauvages au féminin. Malheureusement, la tragédie de la filiation familiale de ce qui aurait pu être un beau film d’été est traitée avec un conformisme autrement convenu…

Commencé avec la mère, Le Retour s’étend aux deux filles noires de père blanc au tempérament très différent. Alors qu’il observe à merveille la jeunesse de ses deux soeurs « renois » observant les adultes si différents d’elle, le film se disperse alors inutilement dans des réitérations racistes dignes d’un sitcom d’AB Productions, et des débats sociaux entre générations aussi passionnant qu’un plateau de BFMTV (Ah ! Le vote des jeunes…).

Esther Gohourou et Suzy Semba, deux actrices magnifiques.

De façon incompréhensible, Corsini abandonne en cours de route aussi bien la protagoniste de ce Retour (Aïssatou Diallo Sagna, César du meilleur second rôle pour La Fracture), que le beau thème de l’affranchissement de la grande soeur… Pour finalement les réunir in extremis dans un final aussi mièvre qu’expédié. Dommage que le scénario de ce film d’abord scintillant ne soit pas à la hauteur de la spontanéité de ses deux belles interprètes (Suzy Bemba et Esther Gohourou), comme si Corsini n’avait pas cru à son projet elle-même. D’abord ouverte à toutes les rencontres, le personnage de Lomane de Dietrich lui aussi finit subitement par être renvoyé à sa bourgeoisie, et ces noires orphelines finissent à leur tour délaissées par un film qui se rabat dans les pires clichés, comme s’il avait eu peur de les filmer plus avant.

Cunnilingus raté et fausse polémique

Quant à la vraie-fausse polémique cannoise (pléonasme), elle a fait pschitt depuis longtemps. Rappelons simplement que de son propre aveu, la production avait oublié de signaler une scène intime entre les deux jeunes femmes, dont une mineure de moins de 16 ans au moment du tournage, déclenchant le retrait des aides financières allouées par le CNC, conformément à la législation. Point. Le résultat est une scène de cunnilingus raté sur un lavabo qui casse en faisant gicler l’eau partout. Ce qui reste tout de même moins drôle que les (trop rares) apparitions de Denis Podalydès.

Le Retour de Catherine Corsini (Fr, 1h46) avec Suzy Bemba, Esther Gohourou, Aïssatou Diallou Sagna, Lomane de Dietrich, Virginie Ledoyen, Denis Podalydès… Sortie le 12 juillet.