Quand on a plus de 70 ans – c’est-à-dire l’âge de Fanny Ardant – on fait l’amour, qu’on n’a pas fait depuis longtemps, sur du Bach, pas tout de suite et tout doucement… Ça peut être tout aussi beau, quand c’est filmé avec la délicatesse de Carine Tardieu. Tout est tissé de fil rose, très tendre, dans Les Jeunes Amants, un film classique et classieux comme le cinéma français n’en faisait plus, porté par un romantisme ancien, qui n’a pas dit son dernier mot.

Un peu comme un film de François Truffaut qui finirait bien. En plus du réalisme crédible pour filmer la ville et l’hôpital (à Lyon, où le film commence), c’est surtout le face-à-face entre deux acteurs au sommet de leur maturité qui fait le prix de ces amants plus si jeunes mais peut-être encore plus beaux.

Fanny Ardant, Melvil Poupaud et la force des sentiments

Evitant l’impudeur comme la fausse coquetterie (quand même, elle est pas si mal, pour son âge…), avec de savoureux dialogues pour leur première fois, Carine Tardieu réussit l’approche de cette “femme d’un certain âge” (on entend A Lady of a certain age de The Divine Comedy) par un chirurgien aussi sincèrement marié que bouleversé, dont la force du sentiment amoureux nous touche.

Le développement de leur histoire est plus attendu, et l’incursion dans le mélo plus glissante, mais ce beau film d’acteurs et d’amour se solde par un hommage inattendu à Annie Girardot, et Solveig Anspach, réalisatrice fauchée dans la fleur de l’âge, à laquelle il est dédié.

Les Jeunes Amants, de Carine Tardieu (Fr, 1h52) avec Fanny Ardant, Melvil Poupaud, Cécile de France, Florence Loiret-Caille, Sharif Andoura… Sortie le 2 février 2022.