La France adore la politique. Le monde audiovisuel français adore encore plus les rouages de la politique, sur les chaînes d’infos comme dans les films art et essai (L’Exercice de l’Etat, Un Peuple et son roi ou encore le très réussi Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier…). Co-écrit par Jean-Baptiste Delafon, scénariste de la série Baron noir, Les Promesses ne manquent pas d’un sens de l’observation des cabinets et ministères archi-documenté. Novlangue, technocratie, tractations, coulisses de campagne même pour raconter celle d’Obama, rumeurs destinées à nuire et décisions arbitraires détachées de toute réalité, l’inventaire tient du bréviaire politicien (avec un Laurent Poitrenaux toujours parfait). Au risque du bavardage dans sa première partie, la fiction ne semblant ici que singer avec brio les effets de réel du documentaire, mais sans rien vraiment apporter de nouveau.

Laurent Poitrenaux face à Reda Kateb et Isabelle Huppert.

Reda Kateb, challenger en mode majeur

Heureusement, pour imbriquer engagement, idéaux, ambitions et désillusions autour d’un projet de réhabilitation d’une cité du 93, Thomas Kruithof choisir une forme romanesque, format large en Scope et musique ample. Il a surtout deux interprètes au-dessus du lot : Isabelle Huppert n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle « évite la psychologie » comme le dit son personnage, et joue les femmes d’action énergiques. Et Reda Kateb est encore plus subtil en directeur de cabinet issu des quartiers qui finira par être son challenger en toute loyauté, au prix d’un happy end pas forcément tout à fait crédible – autant qu’on puisse en juger – mais qui évite à ce film politique original et ambitieux le cynisme comme le misérabilisme.

Les Promesses de Thomas Kruithof (Fr, 1h36) avec Reda Kateb, Isabelle Huppert, Laurent Poitrenaux, Naidra Ayadi, Hervé Pierre… Sortie le 26 janvier.