On retrouve toute la beauté solaire de Respiro dans ce portrait de famille d’une mère au bord de la rupture, se raccrochant à l’amour de ses enfants dans les années 70. Elle danse, elle chante, elle va même se planquer sous la table avec Andrea (magnifique Luana Giuliani), sa fille aînée « qui est bizarre comme un garçon« , aimant sa mère comme personne…
En restant miné par la drôle de relation de ses parents, entre un père parfois violent qui tâche tant bien que mal de maintenir un ordre « normal » dans cette famille pas comme les autres, et une mère de toute beauté, s’échappant dans quelques moments joyeux de comédie musicale, mais avant tout absente à elle-même.
Dans le nouveau complexe d’une banlieue romaine pasolinienne dont Emanuele Crialese filme encore les vestiges du passé qui serviront de terrain de jeux (dangereux) aux enfants, le réalisateur avance par petites touches et une maestria visuelle de chaque instant pour finir par toucher au coeur de cette autobiographie secrète, déclaration d’amour maternel minée par le chagrin de la dépression dont, comme son personnage, il nous épargne les affres en restant toujours dans la grâce de l’affection.
Un des plus beaux rôles de Penelope Cruz (encore)
Dans cet hommage vibrant à celle qui a dû subir des malheurs du patriarcat d’un autre temps, Penelope Cruz – en italien dans le texte – est d’une justesse à devenir la mère de tous les spectateurs qui la regarderont : naturelle et glamour à la fois, elle est en état de grâce quand elle se prend pour Dalida ou qu’elle se lance dans véritable numéro de musical orchestré en orfèvre par Crialese.
Comme elle nous touche au coeur quand elle tombe ses lunettes noires pour montrer à son fils-fille Andrea qui le lui demande, tout ce qu’elle a voulu lui épargner. Avant qu’il ne lui rende un baiser que même Marcel Proust aurait pu jalouser. « Merci pour cet amour…« . On est cueilli. L’Immensita est déjà un des plus beaux films de l’année.
L’Immensita d’Eamnuele Crialese (It, 1h30 ) avec Penelope Cruz, Luana Giuliani, Vincenzo Amato, Patrizio Francioni, Penelope Nieto Conti… Sorti le 11 janvier.
