Il y a les films où tout est fait pour que ça se passe mal (l’intégrale Christophe Honoré), et il y a les films où tout est fait pour que ça finisse bien. Maestro(s) est de ceux-là, une fois que vous aurez vu son coup de théâtre final, on ne peut plus sympathique… (chut) Remake du film israëlien Footnote transposé dans le milieu de la musique classique, les chercheurs de l’oeuvre d’origine sont toujours rivaux de père et fils, mais ici chefs d’orchestre (Pierre Arditi et Yvan Attal, donc). Quand l’un reçoit une Victoire de la musique comme étoile montante de la nouvelle génération, l’autre est invité à devenir le prochain directeur musical de la Scala… par erreur !

André Marcon sourire et yeux malicieux en costume dans Maestro(s).
André Marcon, le second rôle toujours parfait du cinéma français.

La faute à un acteur qu’on adore, André Marcon (une nouvelle fois parfait en directeur d’opéra), ou plutôt à son assistante… qui s’est trompée de prénom. Tout n’est pas toujours crédible dans ce drôle de drame familial situé dans un milieu peu filmé à l’écran depuis La Grande Vadrouille… Normal, c’est Anne Gravoin, ex de Manuel Valls et des plateaux télé, qui en est la consultante artistique. On passera donc sur le fait de faire sonner un piano grave quand on frappe sur les notes aiguës, ou sur les sous-intrigues de pacotille d’un chef partagé entre son ex-femme agente et sa nouvelle compagne dont il rêve de faire son premier violon… même si elle n’a pas le niveau (on n’est pas franchement dans l’après #MeToo…).

Pierre Arditi en chef d'orchestre dirigeant avec la baguette dans Maestro(s).
Pierre Arditi, père et chef dans Maestro(s) de Bruno Chiche.

Miou-Miou arbitre entre Arditi et Attal père et fils

Peu importe, on n’est manifestement pas ici pour réviser avant de tenter une entrée au CNSMD mais bien pour passer un bon moment. Et ça fonctionne malgré tout : avec beaucoup de métier, Pierre Arditi cabotine juste ce qu’il faut entre le gardien du temple et le has been, et Yvan Attal est encore plus pro quand il est partagé entre deux femmes. Maestro(s), c’est avant tout l’histoire de fils (il y aussi le petit-fils au cas où) ne sachant comment se faire admirer de leur père, avec des femmes qui ont tout compris avant eux (Miou-Miou, toujours parfaite), mais qui restent des seconds rôles… Bref, du cinéma à la papa au sens strict comme au sens figuré, plus original par son contexte que par sa réalisation, inexistante, comme La Scala, où le film n’a pas été tourné… Un divertissement du samedi soir qui vaut toujours mieux que d’écouter PPDA sur Radio Classique, partenaire du film, mais qui ne risque pas de casser la baguette du chef à la répét’.

https://www.youtube.com/watch?v=MKKyvR7pp2A

Maestro(s) de Bruno Chiche (Fr, 1h36) avec Yvan Attal, Pierre Arditi, Miou-Miou, Pascale Arbillot, André Marcon, Caroline Anglade, Niels Othenin-Girard… Sorti le 7 décembre.

Yvan Attal en costume dans l'ascenseur dans Maestro(s) de Bruno Chiche.