Farce. On s’était déjà bidonné devant Thor : Ragnarok, le film le plus décalé de la franchise Marvel. Alors quand on a su que Taika Waititi adaptait très librement Le Ciel en cage de Christine Leunens en racontant l’histoire d’un petit garçon allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, dont le meilleur ami imaginaire n’est autre que le Führer à moustache. On savait qu’on serait client malgré un titre pas très heureux. Loin de l’ambiance sombre du livre, avec Jojo Rabbit, le Néo-zélandais Taika Waititi passe le nazisme à la moulinette pop : le film débute sur une version allemande de I Want to Hold your Hand des Beatles, Hitler est acclamé comme une idole et le capitaine nazi chargé de former les jeunesses brunes parle comme dans une conférence Ted-X… Au milieu d’une série de personnages tous aussi loufoques les uns que les autres, il y a bien sûr Hitler (incarné par Taika Waititi lui-même), mais vu à travers les yeux d’un petit garçon. Le voilà transformé en personnage de bande dessinée, grotesque, fou, très élastique et même… sympathique ! Mais le personnage qui évince tous les autres, c’est celui de la mère de Jojo. Scarlett Johansson est extra en femme forte et élégante, qui garde le sens de la fantaisie jusqu’au bout pour protéger son fils.

Rire de tout.

Esthétiquement, on pense parfois à Wes Anderson pour les costumes et les décors colorés, la névrose de la symétrie en moins, mais aussi à Disney, en plus barré, heureusement. Un univers fantaisiste qui vire au film d’horreur lorsque Jojo découvre que sa mère cache une jeune fille juive chez eux. Les certitudes fanatiques du petit garçon vont se fissurer peu à peu alors que la guerre se rapproche de sa petite ville si tranquille. Derrière son ton pop et décalé, le film aborde des thématiques plus sombres comme l’embrigadement et le deuil, mais c’est surtout la farce foutraque qui montre qu’on peut rire de tout, à condition que ce soit bien fait. Et çà l’est.

Jojo Rabbit de et avec Taika Waititi (EU, 1h48) avec aussi Roman Griffin Davis, Scarlett Johansson… Disponible en Vod anticipée sur la plupart des plateformes. Regarder la bande-annonce << ici >>.