Thierry Frémaux revient sur son long compagnonnage avec Bertrand Tavernier à l’Institut Lumière, dans un biographie intime qui paraît chez Grasset : Si nous avions su que nous l’aimions tant, nous l’aurions aimé davantage. Emouvant.

Que l’on doit se sentir petit lorsqu’on voyage sur les épaules d’un géant. Car Bertrand Tavernier est un géant. Moins par la taille (et encore que… 1m80 c’est pas mal), que par la place qu’il occupe dans le panthéon des cinéastes français. Un géant avec des films comme La Vie et rien d’autre, L’Horloger de Saint-Paul ou Capitaine Conan et la liste est encore longue… Une trentaine de longs-métrages pour le cinéma et une filmographie jalonnée de succès critiques et commerciaux. Malgré une reconnaissance tardive, Bertrand Tavernier reste aujourd’hui indéboulonnable, plus d’un an après sa mort. 

Voyage à travers le cinéma français

C’est depuis ces épaules bien hautes que Thierry Frémaux nous raconte sa relation avec le cinéaste lyonnais. Une histoire d’amitié sous la forme d’une biographie intime. Tout commence en 1982, Thierry Frémaux, alors jeune journaliste pour Radio Canut, fait la rencontre de Bertrand Tavernier lors du démarrage de l’Institut Lumière. Le futur Président de l’institution prend sous son aile le journaliste et le voilà désormais embarqué. Entre Lyon, Paris et les États-Unis, les deux larrons s’engagent dans une épopée à travers le cinéma et son monde. 

« Le Grand Cinéphile mondial »

On savait l’homme passionné par son art. Thierry Frémaux nous accompagne dans ce puits de science qui pouvait selon lui: « prétendre au titre de Grand Cinéphile mondial ». Il nous dévoile ce qui est d’habitude reversé aux hors-champ de l’image : la confection, la passion et les rencontres. Des noms plus ou moins célèbres défilent sous la plume de l’auteur et cependant le lecteur pourrait regretter d’être parfois écrasé par son érudition.  On découvre tout de même, le portrait d’un homme doux, angoissé par le temps qui lui reste à vivre et la nécessité de transmettre. Le récit, truffé d’anecdotes, est souvent drôle comme cette fois où un passant félicite le cinéaste pour Les Valseuses et que Tavernier lui signe un autographe au nom… de Claude Chabrol. Émouvant aussi, lorsque Thierry Frémaux nous raconte les derniers mois du cinéaste affaibli, et sa mort en pleine pandémie. Que l’on se sent petit lorsqu’on voyage sur les épaules d’un géant.


Si nous avions su que nous l’aimions tant, nous l’aurions aimé davantage, de Thierry Frémaux aux éditions Grasset. 211 pages. 19 €. Photo en haut : Susie Waroude.

Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier sous le hangar du Premier-Film. (photo Jean-Luc Mège).