Gad Elmaleh nous raconte la genèse de son dernier film, Reste un peu, comédie spirituelle en forme d’autoportrait familial. Et nous révèle ses débuts au théâtre au TNP à Villeurbanne et son premier one man show à la Bourse du travail. Rencontre.

Reste un peu, c’est un titre adressé à vos parents ? Vous vouliez faire le film pour eux ?

Gad Elmaleh : ‘Je voulais faire ce film pour parler de religion et j’avais une certaine appréhension évidemment. C’est crispé de parler de religion en France, délicat, tabou même. Je n’avais d’ailleurs pas imaginé à quel point lors des avant-premières que j’ai présentées le film permettrait de libérer une parole sur la foi qui fait que les gens se livrent sur ce sujet dont ils n’avaient peut-être pas l’occasion de parler, en tout cas pas à travers une comédie, et souvent à travers des parcours inattendus. Mais j’ai d’abord fait ce film pour moi, et pour mes parents effectivement. Le titre est assez pudique et mélancolique. Je dis “reste un peu”, ce que ma mère me dit souvent, mais je voudrais qu’ils restent encore beaucoup… C’est une déclaration d’amour à mes parents, mais sans tabou justement. C’est aussi une comédie familiale sur ce qu’on a le droit ou pas de faire ou de se dire en famille, avec ce qu’on nous impose et qu’on nous donne à la naissance. Je suis capable d’assumer les conséquences de mes actes à 51 ans (rires), en matière de religion comme de famille, même si j’ai bien conscience que ce n’est pas nouveau comme thématique. En tout cas, j’en suis plus capable aujourd’hui. Je n’avais pas peur, mais j’avais le doute. La foi, c’est le doute !

« Je voulais garder le côté homemade d’un petit film, mais c’est mon grand film, même si c’est un tout petit budget ! »

GAD ELMALEH

Justement, votre film reste un autoportrait mais construit en forme de comédie, avec des situations, des gags et des personnages en plus du chemin spirituel…

Oui, c’est une histoire autobiographique en grande partie, mais je l’ai écrit avec Benjamin Charby, un grand scénariste qui a travaillé notamment sur Bac Nord. On voulait garder le côté homemade d’un “petit film”, mais pour moi c’est mon “grand film” au sens du sujet et de la démarche, je voulais donc vraiment le travailler comme tel. On a tout écrit, les situations, les gags, les personnages, mais les dialogues sont dits avec les mots des personnes quand elles sont réelles. C’est le cas pour Delphine Horvilleur quand elle fait une analyse du comédien que je suis et du juif que je resterai. Je le découvre quand elle me le dit, comme je découvre la réplique de ma mère : “Si tu veux changer de Dieu, change de parents, fais-toi adopter.” Ce sont ses mots ! C’est pour ça qu’il n’y avait que moi pour pouvoir tourner une histoire aussi personnelle, aussi intime, mais je voulais la garder ouverte par cette construction de comédie, comme je voulais garder une image soignée avec de belles lumières etc. J’ai un peu l’impression que c’est mon premier film ! Il est vital pour moi, même si c’est un tout petit budget, je le dis tout doucement… Un trop petit budget ! (rires) Ça me rappelle mes débuts et mon histoire avec Lyon…

« C’est au TNP avec Roger Planchon que j’ai eu mon premier contrat d’acteur professionnel. J’étais très heureux ! Et c’est à la Bourse du travail que j’ai enregistré le premier spectacle qui m’a fait connaître. »

GAD ELMALEH

Quelle est votre histoire avec Lyon ?

Le spectacle qui m’a fait connaître a été filmé ici, à la Bourse du travail (Décalages, ndlr). Et j’ai commencé mon métier comme acteur au TNP avec Roger Planchon. C’était ma première fiche de paie, mon premier engagement professionnel. Je tenais un chandelier comme figurant, aux côtés de Stéphane Freiss et Isabelle Gélinas (dans Les Libertins en 1994, ndlr). Je découvrais la ville et les artistes. J’étais très heureux ! J’avais fait aussi une résidence au petit théâtre du Rideau Rouge que j’adore sur le plateau de la Croix-Rousse pour préparer mon nouveau spectacle, et la Halle Tony Garnier, régulièrement. Mais ma salle préférée, c’est la Bourse du travail, il y a une proximité avec le public vraiment particulière.”

Reste un peu de et avec Gad Elmaleh (Fr, 1h30) avec Régine, David et Judith Elmaleh, Delphine Horvilleur, Pierre-Henry Salfati…

Gad Elmaleh sur le tournage de Reste un peu avec ses parents. (photos Laura Gilli)