Le nouveau film de Jean-Pierre Améris, Profes­sion du père, est désor­mais dispo­nible en Vod et sur Canal +. Il a été tourné à Lyon à partir du roman d’un autre lyon­nais, Sorj Chalan­don. Un beau film avec un acteur effrayant en père affa­bu­la­teur et tortion­naire : Benoît Poel­voorde.

Après la réus­site des Emotifs anonymes, Jean-Pierre Améris retrouve Benoît Poel­voorde pour adap­ter le roman de Sorj Chalan­don en lieu et place, à Lyon en 1961, année de nais­sance du réali­sa­teur… A la comé­die roman­tique succède cette fois, derrière le délire de vouloir “tuer le géné­ral de Gaulle”, la noir­ceur fami­liale la plus terrible : mysti­fi­ca­tion, para­noïa, violence conju­gale et maltrai­tance d’en­fant. Certes, il ne s’agit pas fran­che­ment du sujet dont on peut rêver pendant l’été et pour­tant, en amou­reux du grand cinéma améri­cain popu­laire qu’il aime, Améris parvient à main­te­nir un équi­libre mira­cu­leux entre son goût du récit, l’af­fec­tion fami­liale dont les besoins subsistent malgré tout et des scènes de violence intra-fami­liales on ne peut plus glaçantes. Les inter­prètes n’y sont pas pour rien, la folie d’un Poel­voorde ahuri en tête, sans comp­ter l’ex­tra­or­di­naire expres­si­vité de Jules Lefebvre, gamin dessi­na­teur qui tente de se construire sous le joug de cette figure pater­nelle destruc­trice. La conju­ra­tion de la violence chez les jeunes a toujours existé en fili­grane du cinéma de Jean-Pierre Améris, depuis Les Aveux de l’in­no­cent ou Les Mauvaises Fréquen­ta­tions. Il trouve sans doute ici sa plus belle réso­lu­tion, aidé par la très belle musique de Quen­tin Sirjacq, trou­vant la forme idoine dans un flash­back final pour expri­mer l’écho intime parti­cu­lier qu’il aura su tirer de l’œuvre d’un écri­vain qu’il admire tant.

Profes­sion du père de Jean-Pierre Améris (Fr, 1h46) avec Benoît Poel­voorde, Audrey Dana, Jules Lefèbvre, Tom Lévy… Sortie le 28 juillet.

Audrey Dana et Jules Lefèbvre dans Profes­sion du père de Jean-Pierre Améris
(photos Caro­line Bottaro)