Osons la comparaison. Scandale est un peu le pendant U.S. de Grâce à Dieu de François Ozon : un film qui surfe sur un fait de société (la pédophilie dans l’Église contre le harcèlement des femmes au travail) en s’emparant de l’éclatement d’une affaire taboue, portée par des victimes qui osent enfin parler. Mais comme dans la version américaine d’un Happy Meal, tout est plus XXL : plus de stars (Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie), plus de brushings, plus de faits qui se déroulent plus rapidement et donc, à la clef, moins de nuance. Pourtant, le résultat est on ne peut plus agréable à regarder, dans le genre grosses machines hollywoodiennes bien huilées.

Charlize Theron et John Lithgow dans Scandale.

Inédit à Hollywood

Le réalisateur, Jay Roach a le mérite de revenir sur l’une des plus importantes affaires de harcèlement juste avant le phénomène #Metoo : en 2016, Roger Ailes, le fondateur de la prestigieuse chaîne d’information Fox News, alliée au camp républicain, est accusé de harcèlement par une ancienne présentatrice vedette. Suivant les grands principes journalistiques, le scénario s’attache aux faits, et rien qu’aux faits, via trois présentatrices très blondes et très ambitieuses, adoptant parfois le ton d’un docu-fiction. Si le caractère des protagonistes principaux est trop rapidement esquissé et qu’on peine à suivre le flot d’informations, le rythme intense nous empêche de décrocher, et le film arrive quand même à apporter un poil de subtilité bienvenue, en particulier chez Megyn Kelly et Roger Ailes, en plus d’offrir un panorama édifiant sur les coulisses des grands médias américains, inédit alors à Hollywood. Un film taillé pour les prix certes – les actrices ont été récompensées par des Golden Globes – mais dont les trophées seront politiques avant d’être artistiques.


Scandale de Jay Roach (2019,E.-U., 1h49) avec Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie, John Lithgow… Dimanche 28 novembre à 21h10 sur France 2.