Y a comme un vent de fraîcheur qui souffle sur le jeune cinéma français, de plus en plus tourné vers la campagne et les films de genre. Les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma, eux, n’ont carrément pas hésité à placer une histoire de loup-garou façon série B au fin fond des Pyrénées, mélangeant esthétique pop, ambiance rurale, comédie et images gores. Teddy porte des rangers, des bagues à chaque doigt, possède le même t-shirt en dix exemplaires et écoute du metal allemand. Déscolarisé, il vit avec son oncle un brin diminué et sa tante handicapé. Dans cette petite bourgade rurale, c’est la maison des fous. Pourtant, Teddy a beau être en colère contre le système, il n’aspire qu’à la normalité et rêve même de construire un pavillon pour sa dulcinée intello-punk avec appareil dentaire, jusqu’à ce qu’il se fasse mordre par un loup.

Noémie Lvovsky, gérante d’un salon de massage un peu particulier en effet…

Le loup de la colère

Conte social où la plupart des acteurs parlent avec l’accent du pays, la figure du loup-garou  fait ici office de métaphore. A mesure que Teddy se transforme en monstre, les paysans font la chasse au loup qui dévorent leurs brebis et les fils de notables font régner la hiérarchie, faisant bien comprendre à Teddy qu’il est un plouc. Si le parallèle entre montre à crocs et monstre social est parfois trop appuyé, l’intérêt de ce petit film bien réalisé est de ne pratiquement jamais montrer le loup-garou, laissant planer le doute: l’ado se transforme-t-il vraiment ou est-ce le fruit de sa colère? On pense à Quentin Dupieux autant qu’à Kerven et Delépine, l’hémoglobine en plus. Avec en prime de supers acteurs comme Anthony Bajon et Noémie Lvovsky, géniale en gérante de salon de massage harceleuse d’hommes post #MeToo.

Teddy, de Ludovic et Zoran Boukherma (Fr, 1h28) avec Anthony Bajon, Christine Gautier, Noémie Lvovsky, Ludovic Torrent… Actuellement en salles.