Quand il vient à Lyon, c’est dans un de ses bolides rouges de luxe dont il fait collection. Gône pur sucre, Jean-Yves Thibaudet est une véritable star à Los Angeles, où il s’est exilé très tôt, à la faveur d’un remplacement sur une tournée avec Riccardo Chailly à Amsterdam. Il n’y a pas que les acteurs qui sont sont des stars à Hollywood.Pianiste surdoué, il avait joué en culottes courtes pour l’inauguration de l’Auditorium Maurice Ravel en 1974, avant de partir à peine majeur sur le côte Ouest, de l’autre côté de l’Atlantique. Voilà près de trente ans qu’il y vit, mais il revient toujours dans sa ville natale de Lyon, jusqu’à devenir artiste associé de l’ONL cette saison. Fils de musiciens amateurs, cette personnalité généreuse a gardé le goût du partage spontané et une approche de la musique sans oeillères, à l’Américaine, s’adonnant aussi bien à la grande musique française qu’à la musique de films, sans limite. Il fallait toute sa fougue et sa carrure pour exister dans la Turangalila Symphonie de Messiaen l’automne dernier, avec un orchestre débordant à l’effectif de plus d’une centaine de musiciens. Fin février, c’est le nouveau directeur musical de l’ONL qui prendra son poste en septembre, Nikolaj-Szeps Znaider, qu’il accompagne pour leur première tournée en Russie. Le concerto de Grieg a tout le lyrisme et le romantisme qui conviennent à merveille à cet homme enjoué, dominant les débats du clavier tout en favorisant le partage avec l’orchestre. Soliste international qu’on ne présente plus, Jean-Yves Thibaudet a joué avec tous les grands chefs, et parle avec la même amitié de Leonard Slatkin, aujourd’hui chef honoraire de l’ONL, que de Znaider.

Le plus américain des pianistes français.

« Leonard Slatkin m’avait dit un jour qu’il me considérait comme le plus américain des pianistes français, ça m’avait fait plaisir de la part d’un chef américain qui aime tant la musique française. Nous nous sommes rapidement adoptés. » Il témoigne avec la même tendresse de Nikolaj Szeps-Znaider : « J’ai eu la chance d’assister à ses débuts de chef d’orchestre alors qu’il était encore le grand violoniste qu’on connaît. Et j’ai vu tout de suite que passer à la direction d’orchestre était une démarche murie, profonde pour lui, et qu’il aura la même exigence de plaisir avec la musique en dirigeant les autres que lorsqu’il était soliste », explique le pianiste. Après un concert d’ouverture impressionnant consacré au grand répertoire allemand, Znaider ne l’oubliera pas pour sa deuxième grande collaboration avec l’ONL, avec le Prélude aux Maîtres chanteurs de Nuremberg, la seule comédie de Wagner (si, si), et surtout la première symphonie Titan, idéale pour se plonger dans la grande œuvre de Mahler. Bonne nouvelle : avant la tournée en Russie, vous pourrez entendre à Lyon le même concert, avec Jean-Yves Thibaudet au piano pour le concerto de Grieg. C’est ce qui s’appelle un immanquable. L.H.

Nikolaj-Szeps Znaider et Jaen-Yves Thibaudet avec l’ONL (Wagner, Grieg, Mahler). Jeudi 20 et vendredi 21 février à 20h à l’Auditorium, Lyon 3. De 16 à 49 €. auditorium-lyon.com