Heureux les Lyonnais qui accueillent Richard Brunel à la tête de l’Opéra de Lyon depuis septembre dernier. Pour sa première saison de programmation à part entière (ouverture des résas le 12 mai), il annonce pour le lyrique 11 opéras, avant tout axé sur la création et la jeunesse, deux marques de fabrique de la maison lyonnais au milieu d’un paysage souvent conservateur ailleurs en France, quand il n’est pas moribond…

Richard Brunel, directeur de l’Opéra de Lyon. (photo Jean-Louis Fernandez)

Nouvelles oeuvres, femmes et maîtrise

Une première à Lyon : Candide de Bernstein, le compositeur de West Side Story, pour les fêtes de fin d’année, avec un metteur en scène venu de Broadway aux manettes, Daniel Fish. Première en France aussi pour La Maison du crime de Haas, opéra contemporain inspiré par Monteverdi, pour « décloisonner les époques et les esthétiques » selon le nouveau directeur. L’Arche de Noé de Britten fera chanter la maîtrise de l’Opéra et ravira les enfants et leurs familles, tandis que Katia Kabanova de Janacek sera donnée dans une nouvelle production 100% féminine, jusqu’à la cheffe, Elena Swharz. Femme aussi en la personne de l’actrice et cantatrice Judith Chemla (qui avait déjà chanté une superbe Traviata au théâtre), qui viendra incarner Mélisande dans une adaptation de l’opéra de Debussy recentrée sur son personnage féminin, pour quatre instrumentistes et quatre solistes seulement.

Daniele Rustioni superstar

Mais en plus du traditionnel festival de mars sur le thème de « franchir les portes » – qui reprendra les productions prévues avant la pandémie des Noces de Figaro par Olivier Assayas et du Château de Barbe-Bleue par Andriy Zholdak – c’est la nomination de Daniele Rustioni en directeur musical et non plus seulement chef permanent qui va impulser une nouvelle dynamique à cette maison qui n’en manquait déjà pas. Si Kazushi Ono se consacrait beaucoup au XXe siècle, le milanais veut avant tout se consacrer à l’exploration du répertoire du XIXe siècle. Italien bien sûr (il avait débuté à l’Opéra de Lyon en dirigeant Simon Boccanegra de Verdi en 2014), mais aussi français et romantique, en ouvrant en prime chaque saison par une oeuvre germanique.

Le Requiem de Verdi pour les 40 ans de l’orchestre… et du chef !

Ce sera Tannhäuser la saison prochaine – le plus accessible et le plus italianisant des opéras de Wagner – avec un autre trentenaire à la mise en scène, David Hermann, dans une mise en scène inspiré par l’univers SF de Philip K. Dick qui nous promet un bain de jouvence. Etonnamment, l’opéra de Wagner n’avait plus été joué à Lyon depuis 50 ans… Daniele Rustioni clôturera cette nouvelle saison 22-23 avec ce qu’il appelle son « climax« , le Requiem de Verdi au Grand théâtre de Fourvière, pour célébrer ses 40 ans et… ceux de l’orchestre de l’Opéra, séparé de celui de l’Auditorium en 1983. Sa nomination comme directeur musical se traduit d’abord par la prolongation de la collaboration initiée avec le festival d’Aix pour cinq titres tenus encore secrets… Mais on connaît déjà Moïse et Pharaon, ouvrage rare et seria de Rossini, dont la prière finale fit le succès et accompagne même le compositeur dans la tombe lors de ses obsèques. Tobias Kratzer, qui avait déjà signé la belle production de Guillaume Tell à Lyon en 2019, sera chargé de le mettre en scène. Enfin Daniel Rustioni compte aussi accroître le rythme des concerts en marge des productions lyriques, avec notamment en ouverture de saison consacré les quatre dernier lieder de Strauss, puis un concert de chambre Beethoven-Wagner dans lequel le maestro se mettra lui-même au piano, dans la salle magique du Grand Studio du Ballet sous le ciel de Lyon. En prime, Daniele Rustioni dirigera la production de Falstaff signée Robert Carsen au Met Opera à New York la saison prochaine (visible en retransmission live dans les cinémas Pathé). C’est dire la chance que nous avons de l’avoir à Lyon.

Les 11 opéras de la saison lyonnaise 2022-23 :

  • Tannhäuser de Richard Wagner. Mes David Hermann, dir mus Daniele Rustioni. Du 11 au 30 octobre.
  • Hérodiade de Massenet. Version de concert. Daniel Rustioni. 23 novembre à l’Auditorium, Lyon 3e.
  • Candide de Leonard Bernstein. Mes Daniel Fish. Dir mus Wayne Marshall. Du 16 décembre au 1er janvier.
  • Moïse et Pharaon de Rossini. Mes Tobias Kratzer. Dir mus Daniele Rustioni. Du 20 janvier au 1er février 2023.
  • L’Arche de Noé de Benjamin Britten (opéra en famille). Mes Silvia Costa. Dir mus Daniele Rustioni. Du 25 janvier au 4 février 2023 au théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4e.
  • Mélisande, d’après Pelléas et Mélisande de Maeterlinck et Debussy. Mes Richard Brunel. Dir mus Florent Hubert (orchestre réduit), avec Judith Chemla. Du 28 février au 5 mars 2023 au théâtre de la Renaissance à Oullins.
  • Les Noces de Figaro de Mozart (festival « Franchir les portes »). Mes Olivier Assayas. Dir mus Peter Rundel. Du 17 mars au 4 avril 2023.
  • Le Château de Barbe-Bleue de Bartok (festival « Franchir les portes »). Mes Andriy Zholdak. Dir mus Titus Engel. Du 18 mars au 2 avril 2023.
  • La Maison du crime (festival « Franchir les portes ») de Georg Friedrich Hass et Claudio Monteverdi. Mes Claus Guth. Dir mus Peter Rundel. Du 19 au 26 mars 2023 au TNP à Villeurbanne.
  • Katia Kabanova de Janacek. Mes Barbara Wysocka. Dir mus Elena Swharz. Du 2 au 13 mai 2023.
  • On purge bébé ! de Philippe Boesmans d’après Georges Feydeau. Du 5 au 17 juin 2023.

Réservations pour le saison 22-23 de l’Opéra de Lyon à partir du 12 mai.