Il est le parrain des 10 ans de Numeridanse, le site ressource de toutes les chorégraphies pour tout connaître de la danse d’hier et d’aujourd’hui. Cédric Klapisch nous raconte son rapport à la danse comme cinéaste et comme spectateur, en nous dévoilant même la nouvelle série qu’il est en train de tourner.

Comment êtes-vous devenu parrain de Numeridanse ?

Cédric Klapisch : “Je faisais un film sur la danse avec François Civil, Pio Marmaï, En corps, qui va sortir le 30 mars, et je venais de terminer un portrait de quatre chorégraphes à l’Opéra de Paris pour la télévision, Thiérrée, Schechter, Perez et Pite. Je suis spectateur de danse depuis tout jeune. A 14 ans, j’allais déjà voir la danse au théâtre de la Ville à Paris, j’ai vu tous les spectacles de Pina Bausch pendant 20 ans et de beaucoup d’autres, comme Trisha Brown ou Merce Cunningham. Je me suis rendu compte que j’avais une culture de la danse que d’autres n’avaient pas pu avoir, je voulais lui rendre un peu ce qu’elle m’a donné. Il y a une dizaine d’années, j’avais pu réaliser un portrait d’Aurélie Dupont, danseuse étoile de l’Opéra de Paris, et j’avais pu vraiment approcher son travail au quotidien, voir la façon dont le classique et le contemporain se mêlent, et l’extraordinaire variété de la danse contemporaine, même à l’Opéra de Paris. Il y a un va-et-vient permanent entre les formes de danse, c’est une richesse extraordinaire.

La musique est très présente dans vos films, tout comme les corps jeunes… Aviez-vous l’impression parfois de filmer des corps comme un chorégraphe sans le savoir ?

Ce n’était pas conscient chez moi au début, mais je m’en suis particulièrement rendu compte avec François (Civil, ndlr) sur Deux moi (photo ci-dessus, lire aussi notre critique), dans la façon de filmer des corps en mouvements et en musique. Mais je pense aussi que ça vient du fait que dès mes premiers films comme Riens du tout, je filmais souvent beaucoup de personnages. Il y a nécessairement quelque chose de l’ordre de la chorégraphie quand on doit mettre en scène un portrait de groupe. C’est l’héritage de la comédie musicale qui à l’origine est américaine même si les choses ont beaucoup évolué aujourd’hui. On parle de “chorégraphie d’acteurs” aux Etats-Unis, il y a vraiment une même façon d’aborder le mouvement. Au cinéma comme en danse, il s’agit de “rythmer la vie”.

Vous participez à une master class “cadrer l’incadrable”. Est-ce plus difficile pour un cinéaste de réaliser un film de fiction ou de filmer la danse comme vous aviez pu le faire dans un portrait consacré à Aurélie Dupont ?

Cédric Klapisch (photo Joséphine Brueder).

C’est plus facile de filmer la danse à condition de s’avouer vaincu ! La danse est faite pour être vue donc il y a quelque chose de très naturel qui se passe entre images et chorégraphie. Mais il est très important de partir vaincu, parce qu’une captation est toujours moins bien qu’un spectacle live. Il faut donc partir battu pour non pas filmer un spectacle, mais trouver un supplément d’âme pour en faire un film. C’est passionnant d’ailleurs.

Après la sortie d’En corps, quel sera votre prochain film de fiction ?

Je suis à Athènes pour tourner la suite de L’Auberge espagnole et Casse-tête chinois, avec les enfants de Romain Duris qui ont 20 et 22 ans. ça me permet de boucler la boucle, tout en continuant de filmer des corps jeunes et des nouveaux acteurs. Ce sera une série en huit fois 52mn pour Amazon avec Mégane Mortane et Aliocha Schneider, de nouveaux jeunes acteurs !

Propos recueillis par Luc Hernandez

Numeridanse fait son festival pour les 10 ans de Numeridanse. En ligne du 10 au 17 novembre en écho à la programmation de la Maison de la danse. numeridanse.tv

Masterclass Cédric Klapisch “cadrer l’incadrable”. Mardi 16 novembre à 14h30 en ligne sur Numéridanse. Gratuit.