Ouf, les concerts reprennent (un peu) ! Cet album, elle l’a fait toute seule. Écrit en un an – il lui en faut d’habitude quatre ou cinq -, sans label pour la soutenir, « avec le fond de mon compte bancaire » dit-elle dans un rire. Un vrai choix, radical, qui lui réserve une totale liberté. « Je suis arrivée à un stade où je me sens responsable des chansons que j’écris, je veux qu’elles soient entre de bonnes mains » explique Mélissa Laveaux, chanteuse inclassable à la fois soul, créole et profondément rock. Fan de tarot, elle s’est inspirée du jeu de cartes pour écrire son dernier single, Papessa, une ode à la féminité mythologique et guerrière. Pour elle, c’est clair : le pape devrait être une femme, et si elle devait la choisir, ce serait Grace Jones. On la retrouve d’ailleurs dans sa scénographie, ombre-silhouette reconnaissable entre mille, qui veille derrière les musiciens.

Papessa militante, avec le sourire et le chant

Chanter l’exil. En 2018, son précédent album Radyo Siwèl, très beau, s’ancrait dans les racines musicales d’Haïti. Elle chantait presque uniquement en créole sur des rythmes suaves et entêtants, de ceux qui donnent envie de danser. « Je ne conçois pas de militer sans avoir le sourire à la gueule » déclare-t-elle. Même au téléphone entre deux répétitions de sa résidence à la Rochelle, le sourire ne quitte jamais sa voix légèrement éraillée. « Le déracinement fait partie intégrante de l’ADN musical de Mélissa Laveaux » écrit la journaliste Jeanne Lacaille à son sujet. On entend dans ses morceaux les traditions haïtiennes, le refuge à Montréal ou les sonorités cubaines de son idole, la résistante Martha Jean-Claude. Son quatrième album, plus intime, est éminemment féministe. Un univers poétique et plein de mystères qui s’apprête à rencontrer la grande scène de l’Opéra de Lyon. La collaboration, passionnante, ravit la chanteuse : «J’ai un bon feeling avec la ville de Lyon, à chaque fois que je viens les salles sont toujours plus grosses ! ». On lui souhaite d’emporter les foules (assises) avec elle.

Mélissa Laveaux. Jeudi 3 février à 20h à l’Opéra Underground, Lyon 1er. De 10 à 28€.