Autant le dire d’em­blée, nous n’étions pas de grands connais­seurs de Mylène Farmer. Juste quelques bribes de l’en­tê­te­ment refrain de Liber­tine et de notre géné­ra­tion Désen­chan­tée, mais pas plus. C’est donc en parfait novice que nous nous sommes aven­tu­rés au Grou­pama Stadium de Décines lors du second concert de la franco-cana­dienne ce samedi 24 juin (plus de 90 000 personnes en deux dates, respect). 


Mylène Farmer en commu­nion intime

Avant même d’aper­ce­voir la moindre mèche rousse, ce qui nous a marqué d’abord, c’est la ferveur. « Les fans de Mylène ont la répu­ta­tion d’être très bien­veillants  » nous explique notre voisine de rangée. Zélia a 34 ans, et c’est déjà la quatrième fois qu’elle assiste à un concert de son idole. C’est vrai que la foule des fans est très hété­ro­clite : retrai­tés un peu raides, cadres sobres et queers joli­ment maquillés, ils sont tous là pour voir la voir dans une ambiance à la fois intime et de commu­nion. Elle aussi est bien­veillante : c’est un hommage à Jean-Louis Murat qui précède sobre­ment le grand show, avec la diffu­sion du clip de leur duo regrets. Déjà la grande classe.

Après une attente qui semble sans fin pour les spec­ta­teurs autour de nous (certains ont attendu devant le stade depuis mercredi dernier pour avoir les meilleures places), Mylène arrive enfin. Elle appa­raît lente­ment au milieu de la scène dans une mise en scène mysté­rieuse. Après avoir fait lever le stade avec Liber­tine, déploie ses ailes dans une sorte de haute tour à l’ef­fi­gie d’une corneille, portée par un grue rasante au-dessus de la foule. Bien aidée par les lumières et la scéno­gra­phie déme­su­rée, Mylène est abso­lu­ment partout. Elle a 60 ans, elle danse encore génia­le­ment, mais n’en rajoute pas : une fois lancée Liber­tine au début du concert, elle passera à autre chose, repre­nant des premiers tubes oubliés qu’elle ne chante que rare­ment (Adieu Tris­tana, splen­dide) et éludant jusqu’à Pourvu qu’elles soient douces pour éviter de jouer à la bimbo éter­nelle.

« « C’est bon, vous faites partie de la commu­nauté »

Au milieu du concert, Mylène Farmer embraye sur une partie plus acous­tique en rejoi­gnant le piano solo sorti comme par magie de la croix centrale au milieu de la foule. Avec des morceaux comme Rêver et Autre, la chan­teuse en profite pour remer­cier ses fans dans un moment qui, bien que préparé, n’en est pas moins touchant et sincère, baignée dans la lumière bleue, osant l’in­ti­mité face à la foule en robe imma­cu­lée.

Après plus de deux heures de show, et un final dans lequel, elle enchaîne Sans Contre­façon, Oui Mais Non, Que Je Devienne, XXL, Désen­chan­tée et Rallu­mer Les Étoiles, pour finir en totale commu­nion avec ses danseurs et le public. On se surprend à chan­ter, nous aussi, les paroles (pour­tant incon­nues) des morceaux. Elle reste à part, toujours elle-même malgré l’am­pleur du show. «  C’est bon, vous faites partie de la commu­nauté des fans de Mylène main­te­nant  » nous glisse notre voisine qui semble avoir lu dans nos pensées.

Mylène Farmer, tour­née Never­more au Grou­pama Stadium à Lyon le samedi 24 juin. Puis Paris, Marseille, Bordeaux, Bruxelles, Nice.