Il y a bien une Sardou mania. Avant le spec­tacle, il y avait une petite tribu de sexe en mascu­lin en fond de scène pour déjà enton­ner « Là-bas, au Conne­ma­ra… » autour d’une bonne bière. Avant de chauf­fer la salle eux-mêmes d’un « Michel ! Michel ! Michel !« 

Ils n’al­laient pas être déçus. C’est par Les Lacs du Conne­mara que le véri­table show commence, en version courte, sur une vidéo proje­tée d’un cheval galo­pant en images de synthè­se… autour du fameux lac. Pour la fin de la chan­son au son des corne­muses, il faudra attendre la fin du spec­tacle, après le bis, pour quit­ter la salle…

Car comme Sardou le dit lui-même en plai­san­tant souvent entre deux chan­sons : « je ne peux pas chan­ter la chan­son que tout le monde veut, il en faudrait 400 ! Donc c’est moi qui commande et c’est comme ça… » En plus d’oser un véri­table show de lumières et d’ef­fets visuels (la statue de Lénine s’in­vi­tera aussi sur Vladi­mir Ilitch), il n’a pas choisi la faci­lité et c’est tout à son honneur.

Une bonne partie de ses plus grands tubes (les plus durs à chan­ter) seront regrou­pés en quelques mesures le temps d’un medley : La Java de Broad­way, Chan­teur de jazz, En chan­tant, Le France, Je viens du Sud et La Mala­die d’amour, dont il ne prononce que le titre…

Photo : Richard Melloul / TS3.

Je vais t’ai­mer… mais pas Sandrine Rous­seau !

Au cœur du concert, Je vais t’ai­mer fait l’objet d’une scéno­gra­phie parti­cu­liè­re… et d’une pique pour Sandrine Rous­seau : « ça va l’ai­der à se décons­truire un peu plus, si c’est possible !« . Mais l’es­sen­tiel de cette tour­née d’adieu de Sardou sert à revi­si­ter un réper­toire de chan­sons souvent moins connues, de Marie-Jeanne aux Villes de grande soli­tude en passant par La Fille aux yeux clairs, peut-être sa chan­son préfé­rée. Y compris les beaux textes de ses chan­sons plus récentes et plus person­nelles, comme le Bac G ou Le Privi­lège sur « un garçon qui aime un garçon« .

Sardou et ses choristes. (photo Claude Gassian)

La voix n’est sans doute plus ce qu’elle était, et dix choristes sont là pour la soute­nir, mais Sardou avoua « avoir des chauves-souris dans la gorge » et être un peu malade le soir où nous y étions. Au point d’in­ter­rompre Verdun, autre chan­son ancienne mécon­nue, suite à un problème de son… « Vous êtes gentils« , s’ex­cu­sera-t-il à plusieurs reprises, un peu momi­fié pour se dépla­cer sur scène.

Pas mal de ballades font d’ailleurs la part belle au Sardou narra­teur-acteur et lui permettent de préser­ver sa voix. Comme L’Autre femme (celle qui fait la p…), l’hom­mage à son père avec une chan­son « locale » des années 30, Aujourd’­hui peut-être, ou la reprise émou­vante de Quelque chose de Tennessee adres­sée à son ami Johnny.

Sardou inter­pré­tant Vladi­mir Illitch.

Sardou, popu­laire et inat­tendu

Après Vladi­mir Ilitch ou Verdun, on aura vu un nuage de jeunes femmes se préci­pi­ter au pied de la scène pour enton­ner Les Ricains. Avant un finale tout aussi icono­claste, enchaî­nant les Femmes des années 80 qui ont « réussi l’amal­game de l’au­to­rité et du charme » avec le silence des Musul­manes, « voilées pour ne pas être vues« .

On aura beau vouloir cata­lo­guer Sardou, il résiste en authen­tique chan­teur popu­laire, assu­mant le poli­tique qu’il a été et qu’il conti­nue d’être (son Vladi­mir Illitch résonne encore plus aujourd’­hui). Capable de faire danser au fémi­nin en s’ima­gi­nant « chan­ger de sexe » et termi­nant le show d’un chan­teur réputé de droite par un hommage aux Musul­manes. Rester popu­laire et inat­tendu, c’est déjà beau­coup.

Prochaine date : Sardou. Mercredi 7 février 2024 à 20h à la LDLC Arena à Décines. 39 €.

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