Il y a bien une Sardou mania. Avant le spectacle, il y avait une petite tribu de sexe en masculin en fond de scène pour déjà entonner « Là-bas, au Connemara… » autour d’une bonne bière. Avant de chauffer la salle eux-mêmes d’un « Michel ! Michel ! Michel !«
Ils n’allaient pas être déçus. C’est par Les Lacs du Connemara que le véritable show commence, en version courte, sur une vidéo projetée d’un cheval galopant en images de synthèse… autour du fameux lac. Pour la fin de la chanson au son des cornemuses, il faudra attendre la fin du spectacle, après le bis, pour quitter la salle…
Car comme Sardou le dit lui-même en plaisantant souvent entre deux chansons : « je ne peux pas chanter la chanson que tout le monde veut, il en faudrait 400 ! Donc c’est moi qui commande et c’est comme ça… » En plus d’oser un véritable show de lumières et d’effets visuels (la statue de Lénine s’invitera aussi sur Vladimir Ilitch), il n’a pas choisi la facilité et c’est tout à son honneur.
Une bonne partie de ses plus grands tubes (les plus durs à chanter) seront regroupés en quelques mesures le temps d’un medley : La Java de Broadway, Chanteur de jazz, En chantant, Le France, Je viens du Sud et La Maladie d’amour, dont il ne prononce que le titre…
Je vais t’aimer… mais pas Sandrine Rousseau !
Au cœur du concert, Je vais t’aimer fait l’objet d’une scénographie particulière… et d’une pique pour Sandrine Rousseau : « ça va l’aider à se déconstruire un peu plus, si c’est possible !« . Mais l’essentiel de cette tournée d’adieu de Sardou sert à revisiter un répertoire de chansons souvent moins connues, de Marie-Jeanne aux Villes de grande solitude en passant par La Fille aux yeux clairs, peut-être sa chanson préférée. Y compris les beaux textes de ses chansons plus récentes et plus personnelles, comme le Bac G ou Le Privilège sur « un garçon qui aime un garçon« .
La voix n’est sans doute plus ce qu’elle était, et dix choristes sont là pour la soutenir, mais Sardou avoua « avoir des chauves-souris dans la gorge » et être un peu malade le soir où nous y étions. Au point d’interrompre Verdun, autre chanson ancienne méconnue, suite à un problème de son… « Vous êtes gentils« , s’excusera-t-il à plusieurs reprises, un peu momifié pour se déplacer sur scène.
Pas mal de ballades font d’ailleurs la part belle au Sardou narrateur-acteur et lui permettent de préserver sa voix. Comme L’Autre femme (celle qui fait la p…), l’hommage à son père avec une chanson « locale » des années 30, Aujourd’hui peut-être, ou la reprise émouvante de Quelque chose de Tennessee adressée à son ami Johnny.
Sardou, populaire et inattendu
Après Vladimir Ilitch ou Verdun, on aura vu un nuage de jeunes femmes se précipiter au pied de la scène pour entonner Les Ricains. Avant un finale tout aussi iconoclaste, enchaînant les Femmes des années 80 qui ont « réussi l’amalgame de l’autorité et du charme » avec le silence des Musulmanes, « voilées pour ne pas être vues« .
On aura beau vouloir cataloguer Sardou, il résiste en authentique chanteur populaire, assumant le politique qu’il a été et qu’il continue d’être (son Vladimir Illitch résonne encore plus aujourd’hui). Capable de faire danser au féminin en s’imaginant « changer de sexe » et terminant le show d’un chanteur réputé de droite par un hommage aux Musulmanes. Rester populaire et inattendu, c’est déjà beaucoup.
Prochaine date : Sardou. Mercredi 7 février 2024 à 20h à la LDLC Arena à Décines. 39 €.
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