A force de répéter toujours les mêmes gestes – donner la tété au bébé, habiller l’aîné, faire le café du mari- Suzy Storck a fini par dérailler. Raconté comme un thriller social sur fond de fait divers, le texte de Magali Mougel aborde sans concessions des sujets tabou : l’épuisement des femmes au foyer, le non désir de maternité et surtout la pression sociale qui pèse sur les femmes, avec en toile de fond une France rurale qui ne veut plus être regardée avec condescendance.

Aux manettes de ce drame intime et social, Simon Delétang donne corps à ce texte avec une mise en scène éclatée et épurée. Peu de décor, sinon une pile de linge et une machine à laver, une musique tonitruante et surtout des acteurs intenses, qui font entendre le texte plantés face au public et ne se regardant jamais, comme pour mieux dire l’incommunicabilité de leur situation. Le metteur en scène, costume noir et micro en main, joue le rôle du choeur antique, faisant résonner le mal être de cette femme comme les autres. Du bon théâtre contemporain, coup de poing comme on l’aime.

Suzy Storck, jusqu’au dimanche 18 octobre à 20h30 (le dimanche à 16h30) au théâtre des Célestins, Lyon 2e. De 9 à 24€. theatredescelestins.com