Faut-il encore présen­ter Jean Moulin ? Diffi­cile de trou­ver plus emblé­ma­tique figure de la Résis­tance, a fortiori à Lyon et dans l’an­née du 80e anni­ver­saire de son arres­ta­tion. En plus des multiples hommages rendus ces derniers mois – de son portrait sur la façade de l’Hô­tel de Ville à la plaque commé­mo­ra­tive de la place Jutard – le CHRD lui consacre ses espaces d’ex­po­si­tion jusqu’au prin­temps 2024.

Les mots de Jean Moulin

Outre les objets et les photo­gra­phies, ce sont les mots qui ont la part belle, ceux des personnes qui l’ont connu et dressent le portrait d’un homme demeuré insai­sis­sable. « Il voulait que ce témoi­gnage de la cruauté alle­mande ne reste pas ignoré, et il savait qu’il allait entre­prendre un voyage hasar­deux d’où, peut-être, il ne revien­drait pas », confiait sa sœur Laure en 1944. Son regard, celui d’his­to­riens ou d’an­ciens membres de la Résis­tance, donnent soudain accès à un Jean Moulin intime, artiste, moderne voire avant-gardiste. En témoigne cette combi­nai­son de ski expo­sée à deux pas de son képi de préfet ou d’un croquis de sa main, celui d’une vue de sa fenêtre sur une place lyon­naise.

Jean Moulin, l’homme au chapeau.

Jamy raconte Jean Moulin

Au milieu d’une scéno­gra­phie élégante et feutrée trône l’un de ses bureaux, sur lequel il a plan­ché en tant que plus jeune préfet de France, dans l’Avey­ron en 1937. On lirait presque sur le bois patiné l’ébauche de son manus­crit Premier Combat, publié quelques années après sa mort et dont un extrait sommeille sous un socle de verre dans un coin de l’ex­po­si­tion.

Ces archives précieuses (une centaine), prêtées de Paris à Béziers par la BNF ou le Musée Jean Moulin, consti­tuent un fil rouge essen­tiel pour retra­cer une vie aussi austère qu’hé­roïque. De clichés en dessins, le visage du résis­tant change, se trans­forme au fil du temps et nous échappe autant qu’il n’a rien livré de ses secrets avant de mourir. Ici, ce sont les autres qui le font revivre : Jamy, jour­na­liste de l’ex-émis­sion C’est pas Sorcier, le docteur Dugoujon ou le pasteur Roland de Pury dans des images d’ar­chi­ves… Pour qu’en 2023, personne n’ou­blie ses combats.