Alain Chevrette (né en 1947 à Lyon) est pris la main dans le pot de pein­ture. Sa dernière expo­si­tion explose de couleurs, dévoi­lant une part de son travail plus radi­cale, envo­lée vers l’es­pace. Le papillon talen­tueux, trop souvent réduit au statut peu enviable de peintre conven­tion­nel, est défi­ni­ti­ve­ment sorti de sa chry­sa­lide. Il y a quelques années encore, sa produc­tion, large­ment connue par les Lyon­nais par l’in­ter­mé­diaire de la gale­rie Le Soleil sur la place, restait essen­tiel­le­ment figu­ra­tive, à tendance impres­sion­niste. On a aimé sa période « fleurs », déli­cate, qui mettait à l’aise les collec­tion­neurs clas­siques dési­rant agré­men­ter leur inté­rieur.

On a forte­ment appré­cié ses paysages, ses flous vapo­reux, son sens de la mise en espace. Au regard du « cuchon » lyon­nais, il a été trop souvent cari­ca­turé en vis-à-vis de Jacques Truphe­mus (lui-même déva­lo­risé comme une sorte de sous Claude Monet). On lui préfé­rait égale­ment son remarquable contem­po­rain Patrice Giorda, plus sombre, donc peu suspect de légè­reté. Il en est proba­ble­ment fini du syndrome de Pouli­dor. Depuis quelques années, Alain Chevrette s’est acharné à faire dispa­raître peu à peu son sujet derrière la pein­ture pure.

Il est inté­res­sant à ce propos d’al­ler faire un tour chez la gale­rie voisine Jean-Louis Mandon où est exposé jusqu’au 1er juillet une série de gouache du Lyon­nais Pierre Montheillet. Cet entre-deux entre l’abs­trac­tion figu­ra­tive ou la figu­ra­tion abstraite, comme on veut, illustre assez bien les étapes par lesquelles est passé Alain Chevrette. La gale­rie Valé­rie Eyme­ric (Le Soleil sur la place a malheu­reu­se­ment disparu) a choisi d’ex­po­ser exclu­si­ve­ment ses récentes produc­tions abstraites. Le paysage est désor­mais pure­ment mental. Certaines œuvres «  inter­mé­diaires » lais­saient devi­ner un pois­son rouge dans un bassin ou un jardin. Ici, on ne sait plus. Si les bleus, magni­fiques, dominent, lais­sant envi­sa­ger des univers aqua­tiques, du profond bleu de Prusse au turquoise élec­trique, les roses, les oran­gés, les mauves, des pointes de rouge, de vert et une forme de jubi­la­tion du pinceau projettent direc­te­ment dans le cosmos.

Alain Chevrette, Solo Show, Surface pictu­rale. Jusqu’au 24 juin. Gale­rie Valé­rie Eyme­ric, 33, rue Auguste Comte, Lyon 2e. Fermé dimanche et lundi. De 14h à 19h du mardi au jeudi. De 10h à 19h vendredi et samedi. Entrée libre.

Photos : Jean-Luc Mege.