« En bas, en vrac, une vie d’images. Un drap blanc, tes poings serrés quand tu danses ». Sur les murs du Réver­bère, la poésie de Julien Magre se lit d’abord à travers un texte. On pour­rait presque s’ar­rê­ter là tant sa simpli­cité brute touche au cœur, mais il serait dommage de manquer la suite, boule­ver­sante. Le photo­graphe, repré­senté par la gale­rie lyon­naise  – au même titre que William Klein ou Marc Riboud – depuis 2017, expose Silence, une série d’images prises sur 25 ans.

À la manière d’un cinéaste, il donne au quoti­dien de sa famille une dimen­sion univer­selle. Ici, un rayon de soleil sur le lit des vacances devient un tableau. Là, les mains et les cheve­lures blondes qui s’en­tre­mêlent avec tendresse racontent tout de l’amour que l’on se porte, envers et contre tout. Il n’y a rien de plus banal que ce que saisit Julien Magre avec son appa­reil argen­tique : les vacances, l’en­fance, le vent dans le visage à l’ar­rière de la voiture et l’odeur des arbres. Sauf que son regard est de ceux qui trans­cendent.

Julien Magre, prix Niépce 2022

« À l’ori­gine, j’ai rencon­tré Caro­line aux Arts-Déco, situe-t-il. La suite s’est écrite comme un long travel­ling sans proto­cole, juste celui du temps qui passe ». Diffi­cile de ne pas penser à sa consœur améri­caine Sally Mann, chez qui l’en­fance appa­raît aussi comme une aven­ture très sérieuse. Depuis sa première série, Elles, Julien Magre a remporté le prix Niépce, aussi pres­ti­gieux à la photo­gra­phie que le Goncourt ne l’est à la litté­ra­ture. Ce sont ces photos-là, et d’autres que personne n’avait encore vues, que l’on retrouve dans la gale­rie emblé­ma­tique des Pentes.

Le temps a passé, et le drame de la perte d’un enfant est venu percu­ter la vie du photo­graphe. La couleur a cédé le terrain au noir et blanc, et l’ar­gen­tique au numé­rique. Un autre enfant est né. Petit à petit, la couleur est reve­nue. Toutes ces histoires dans un si petit espace, c’est beau­coup trop précieux (et lumi­neux) pour ne pas s’y attar­der.

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