Entrez dans la danse, macabre : c’est une horde de squelettes d’époque, encore très souriants, qui vous accueillent dans la première salle d’A la mort, à la vie, relecture du thème des vanités à travers les siècles. Déjà, ces charmants morts d’antan font face à des relectures contemporaines d’Erro venues du Mac de Lyon pour cette troisième exposition en commun entre les deux structures. Dialectique entre les siècles comme entre la fragilité précieuse de vivre et la fatalité de notre destin funeste, on trouve aussi bien une série de gravures inédites exceptionnelles en forme de Triomphe de la mort, genre qui s’apparente même parfois à de la BD lorsqu’il est sous-titré, des burins de Pencz aux superbes œuvres du Lyonnais Charles Sénard. Très vite, après les portraits photographiques de Philippe Bazin on ne peut plus émouvants de visages de tous âges encore accrochés à la vie avant de mourir, on retrouve avec bonheur la jeunesse et la mort confrontées dans les dessins radieux et apaisés d’Edi Dubien, notre exposition coup de coeur au Mac de Lyon en 2020.

L’exposition Vanités reprend quelques-une des oeuvres d’Edi Dubien présentées au Mac en 2020, dans sa section « la jeunesse et la mort ». (DR)
Jan Frans Van Dael, Vase de fleur avec une tubéreuse cassée, 1807. (MBA, Martial Couderette)

Lors de notre visite anticipée, nous n’avons pas encore pu voir l’installation vidéo de Bill Viola, un maître du genre. Un mur des symboles récurrents contenus dans les vanités à travers les âges éveillera votre curiosité pour guetter, c’est le cas de le dire, le détail qui tue, du chat symbole de la luxure dans le coin des Singeries, genre animalier à part entière, à la mouche visible grâce à la restauration dans Les Mangeurs de ricotta de Vincenzo Campi (1580), grande bouffe avant l’heure jusqu’à l’épuisement des plaisirs (lire notre entretien avec la commissaire de l’exposition). Car les vanités, à rebours des ascètes et des méditations, savent aussi être canailles, jusqu’à se moquer des avares qui ne savent pas profiter du prix de la vie, ou venir narguer la jeunesse précieuse en train de se pâmer devant son miroir d’un crâne capé brandissant sa faux. Le gothique du  Cemetery youth de Gilbert and George venu du Mac ou la Carcasse de viande de Francis Bacon convoitée par son oiseau vous rappelleront à la fin de ce parcours stimulant et souvent joyeux, le triste animal que nous resterons.

A la mort, à la vie ! Vanités d’hier et d’aujourd’hui. A partir du samedi 27 novembre et jusqu’au 7 mai 2022 au musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon 1er. Visites commentées les lun à 12h15, jeu à 16h, sam à 10h30. De 7 à 12 €. Nocturne vendredi 3 décembre de 18h à 22h, avec les artistes invités de Mehdi Krüger, slameur, qui proposent une performance inédite baroque, jazz et poésie au milieu de l’exposition.

Carcasse de viande et oiseau de proie de Francis Bacon, 1980.

(Photo : The Estate of Francis Bacon Lyon MBA RMN Ojéda Le Mage)