Une croix de pharmacie en rotation au ras du sol, reliée au plafond, sur laquelle défilent des vidéos… Voilà tout. Cette installation minimale est exactement le style d’œuvre qui fait fuir les contempteurs de l’art contemporain. « Vite, un Doliprane ! » Pourtant, l’artiste Mathis Altmann, auteur d’une œuvre multiple que l’on pourrait qualifier de façon réductrice « anticapitaliste », présente ici encore un travail intéressant, si l’on se penche de plus près. Ici, c’est à La Salle de bains, ce haut lieu d’art contemporain qui a rouvert en plein Lyon.

Mathis Altmann, un travail anticapitaliste et fûté

Sur la croix, défilent des discours lénifiants, liés à la santé, au développement personnel en entreprise, aux injonctions d’un bien-être creux. Ceux qu’on entend tous les jours. Comme il est impossible de lire une phrase entière sans suivre le mouvement de la croix, le spectateur se retrouve dans la situation ridicule où il doit tourner sans cesse autour de l’oeuvre, dans une déambulation (peut-être) initiatique. Seulement la référence christique est inversée. La croix, aussi instrument de torture médiéval, est à l’envers. Elle peut-être pour les croyants symbole d’humilité, mais aussi l’incarnation du satanisme. Le diable se cache dans les détails.

Mathis Altmann. Gibber. Devine Powerlifestyles. Jusqu’au lundi 10 avril à La Salle de bains, 1 rue Louis-Vittet, Lyon 1er. Entrée libre, du mardi au samedi de 15h à 19h.