Aviez-vous un ou des livres coups de cœur à l’ori­gine du beau thème de cette année, “Sauver l’amour”?

Yann Nicol : “Oui, il y avait eu le François Bégau­deau bien sûr [L’Amour, ndlr] ou le livre de Clément Camar-Mercier [Le Roman de Jeanne et Nathan, ndlr]. La Fête du Livre n’est pas un colloque, on cherche plutôt un fil rouge qui nous permet de tisser des liens fruc­tueux. Dans “Sauver l’amour”, il y a aussi le terme “sauver” qui nous parlait beau­coup avec Brigitte Giraud [co-program­ma­trice, ndlr]. Il ouvrait le champ du sacré ou de l’éco­lo­gie, en plus du clin d’œil à la chan­son de Bala­voine, pour rester pop et donc popu­laire, et décli­ner l’amour sous toutes ses formes, de l’ami­tié entre jeunes écri­vains aux nouvelles formes de la famille, y compris dysfonc­tion­nelle.

« L’amour peut être un refuge, un remède, mais souvent un remède incom­plet. »

YANN NICOL

Y a-t-il des avatars de l’amour plus parti­cu­liè­re­ment roma­nesques ?

La Fantas­tique Histoire d’amour de Sophie Divry est parti­cu­liè­re­ment roma­nesque, le livre d’Eric Rein­hardt aussi. Mais on ne voulait pas se limi­ter à une approche roman­tique et restric­tive. Le livre de François Bégau­deau évoque juste­ment L’Amour au quoti­dien, sans psycho­lo­gie, de façon presque clinique, ramas­sée sur 90 pages. L’amour est un refuge, un remède bien sûr, mais un remède incom­plet ou impar­fait. Dans leur rencontre “Sauvés par l’amour”, Clément Camar-Mercier et Natha­lie Azoulai vont pouvoir évoquer notre rapport aux addic­tions à la drogue ou au porno, et comment la société de consom­ma­tion bascule dans une société d’ad­dic­tion.

Quels sont les régio­naux de l’étape ?

Pier­ric Bailly avec La Foudre, Sophie Divry bien sûr, Jean-Pierre Martin ou encore le premier roman d’Eve Guerra chez Gras­set, Rapa­trie­ment. L’his­toire très person­nelle et très pêchue du rapa­trie­ment après la mort du père au Congo.

Nicolas Mathieu, auteur de Connemara.
Nico­las Mathieu, prix Goncourt 2018, invité de la Fête du livre de Bron 2024.

Si vous deviez choi­sir un livre d’un auteur reconnu parti­cu­liè­re­ment en forme et un livre décou­verte, ce seraient lesquels ?

Pour l’au­teur reconnu, je choi­si­rais Yannick Haenel et son Bleu Bacon. C’est vrai­ment un très grand écri­vain en quête d’ab­solu dans son rapport à la pein­ture ou à l’art en géné­ral, en prime d’être un jour­na­liste à Char­lie Hebdo ayant écrit sur le Bata­clan, donc très ancré dans la réalité. C’est pour ça qu’on a souhaité le faire dialo­guer avec Paolo Gior­dano qui lui travaille pour ll Corriere della sera en Italie, évoquant notam­ment les atten­tats du 13 novembre en France. Mais j’au­rais pu aussi bien choi­sir Nico­las Mathieu et son rapport au désir qui dialo­guera lui avec l’écri­vain anglais Glen James Brown, sur le thème de l’iden­tité.

Et la décou­verte ?

Eve Guerra pour son premier roman, en prime une autrice de la région.

Les rencontres jeunesse consti­tuent aussi une part de plus en plus grande de la fête du Livre de Bron ?

Abso­lu­ment. Ça repré­sente envi­ron 20 auteurs sur 70. On essaie surtout de construire un véri­table travail de média­tion autour, comme on le fait toute l’an­née avec le prix Summer ou la route des libraires pour les romans adultes. On conçoit vrai­ment des rencontres privi­lé­giées pour les enfants autour des auteurs jeunesse. Les ateliers durent plus d’une heure en compa­gnie d’un illus­tra­teur, et on a beau­coup déve­loppé les contes ou le théâtre autour de livres, en plus de l’expo inédite de Marie Caudry. Pour les enfants, la Fête du Livre de Bron devient presque du spec­tacle vivant !

Fête du Livre de Bron, « Sauver l’amour ». Du 8 au 10 mars à l’Hip­po­drome de Bron-Parilly.