« Conne« , « vulve« , « chatte« , « fils de pute » plutôt que « enculé » (sic), tout ça plutôt deux fois qu’une… Florence Foresti n’y va pas de main morte et déballonne comme un chartier, en pleine forme et les formes pleines. C’est d’ailleurs par une mini pole dance faussement torride qu’elle entre sur scène en se paluchant sur les quatre lettres posées sur scène de son nouveau spectacle Boys, boys, boys. Avant de déclarer tout de go avec l’autodérision physique qui la caractérise : « Bon ben je crois que vous en avez déjà pour votre argent !« .

Elle ose tout et va se mettre à nu comme jamais, se sentant « déjà quinqua à 49 ans et célibataire », dans ce spectacle qui ne ment pas sur la marchandise, à 100% tourné vers, sur et pour les hommes. Elle n’a peur de rien, pas même du racisme social quand elle balance qu’elle ne va quand même pas se mettre dans dans une studette à Limoges avec un étudiant alors qu’elle a « un 200m2 à Paris, une maison dans le Sud et un appart’ à New York » !

« Moi, la zone grise du consentement, c’est oui oui oui ! »

Elle n’a peur de rien, pas même des néo-féministes qu’elle allume avec un humour ravageur hyper touchy : « à mon âge et avec ma gueule, la zone grise du consentement, je ne connais pas, moi c’est ‘oui, oui, oui' ». Mais aussi avec une certaine gravité qui rappelle l’affaire Polanski aux Césars quand elle parodie Diane Tell : « Moi, si j’étais un homme, je ne serais pas capitaine, je serais en prison« , référence au harcèlement moral et surtout « numérique » qu’elle dit faire subir à la gente masculine pour avoir une chance d’arriver à ses fins… « C’est top que pour les féministes les femmes ne soient QUE victimes et les hommes QUE coupables, ça me permet de rester en vie ! » Foresti ose tout, elle n’a jamais été aussi loin, préférant se sentir « non âgée » plutôt que « non genrée » : « je vais quand même pas sortir avec un vieux de mon âge, je passe ma journée à éviter de me voir dans le miroir ».

Cunnilingus écolo

Seule sa détestation de la « vulve » – dont elle fait une introspection hilarante en allant « loger chez l’habitant » pour un cunnilingus au vocabulaire écolo – en fait une « hétéro banale« , toujours amoureuse des hommes, y compris des jeunes. Sa description de « l’ado » en deux mots (« flemme », « chargeur ») tient du génie de l’observation qu’elle a toujours eu, comme ses mimiques des positions du porno qui empêchent de « savoir faire l’amour ».

Bref, Florence Foresti entame sa sexualité dépressive de quinqua façon Blanche Gardin, mais avec un tout autre relief, beaucoup plus clownesque. Surtout lorsqu’elle part en vrille pour inventer Dieu et la religion en mimant un créateur styliste italien. 1h20 de rire et d’écriture pure sans musique ni accessoire : en plus d’être crue comme jamais, Foresti reste la reine de la scène qui prend tous les risques, sans jamais utiliser autre chose que dire ses vérités à travers son art du seule en scène scène. Chapeau bas.

Le soir où nous étions au théâtre Marigny, une fan l’a déstabilisée en lui adressant une déclaration d’amour pendant son bis, avant de remercier le public en pleine standing ovation : « merci d’avoir bravé tout ce qui nous emmerde dans le monde pour venir me voir ». Foresti ne lâche rien et reste à tout point de vue au-dessus du lot. Merci pour ce moment. Pour aller la voir à Lyon, il vous faudra vous connecter le 14 mars sur le site des Nuits de Fourvière : la moitié des places pour les 5 dates de cet été sont déjà parties début décembre en 4h.

Boys boys boys de Florence Foresti. Autre date : samedi 9 décembre 2023 au Zénith de Saint-Etienne.

Foresti vient saluer le public en standing ovation à la fin de Boys Boys Boys.