« Tu me fais rire quand tu veux être tragique » s’esclaffe Madeleine Béjart à l’adresse de Jean-Baptiste Poquelin. Ils se sont rencontrés à 20 ans et ont partagé ensemble les joies de l’amour et fondé “L’Illustre Théâtre”. Dans la pièce Mademoiselle Molière, ils ont 40 ans. Celui qui se fait appeler Molière depuis peu est enfin reconnu par la Cour et se met en scène au Théâtre du Palais Royal ou à Vaux-le-Vicomte devant Nicolas Fouquet. Repéré par Louis XIV, il doit désormais rédiger une pièce de trois actes en deux semaines qu’il devra jouer devant le Roi.

Christophe de Mareuil et Anne Bouvier dans Mademoiselle Molière (photos Fabienne Rappeneau).

Fourberies à tous les étages

Molière est à un tournant de sa vie. D’une part, il s’apprête à embrasser pleinement la comédie, en dépit du drame. D’autre part, il se met à “guigner” Armande, la fille de Madeleine, de vingt ans sa cadette, jusqu’à vouloir l’épouser. Un choix qui fait de Madeleine une magnifique héroïne tragique et égratigne la légende du saint-patron des comédiens. Le texte de Gérard Savoisien nous fait partager la fin de ce couple mythique, parfaitement interprété par Christophe de Mareuil et Anne Bouvier, récompensée pour ce rôle du “Molière de la meilleure comédienne dans un spectacle de théâtre privé”. Les saillies comiques dans une sorte de vieux français font mouche : « Je ne te plais plus ? ; à changer d’écurie, le cheval s’améliore ». Alors qu’on célèbre les 400 ans de la naissance de Molière, on ne manquera cette comédie sentimentale, pas avare en fourberies, sur ces deux amants magnifiques.

Mademoiselle Molière de Gérard Savoisien, mise en scène Arnaud Denis. Jusqu’au 26 février, du mardi au samedi à 19h à la Comédie Odéon, Lyon 2e. De 15 à 21 €.