Avec Vertikal, Mourad Merzouki signait son spectacle le plus abstrait. On y retrouvait toujours de beaux ensembles et cette envie permanente chez le chorégraphe d’explorer de nouveaux territoires, le plus souvent avec succès. Le public avait d’ailleurs fait un triomphe à cette production de la Biennale 2018. Merzouki a toujours été voir ailleurs si le hip-hop y était, dès son Récital puis Boxe boxe avec le quatuor Debussy, deux gros succès mérités qui mêlaient la musique classique à sa danse initiale. Agwa avec les jeunes danseurs de Rio de Janeiro atteignait des sommets d’adresse et de poésie à slalomer au milieu de gobelets remplis d’eau sans les effleurer dans une lumière en clair-obscur. Tandis que Folia aux Nuits de Fourvière 2018 renouait avec l’esprit festif de la musique baroque dans une grande célébration populaire. Rien de tout cela dans Vertikal, démarrant en catimini, prenant son temps pour faire entrer et sortir de scène ses 10 interprètes quasiment au ralenti. C’est tout l’intérêt de ce Vertikal : non seulement Merzouki y défie les lois de la pesanteur, mais en plus il prend le hip hop à revers, danse horizontale par excellence à laquelle il offre ici l’impossible : comment danser à 90° du sol, sur des cordes de rappel, comme si on était en pleine escalade ? Peu à peu, le spectacle trouve son rythme en apesanteur, remixant les chansons de la renaissance de John Dowland dans un trip propice à l’élévation, dans tous les sens du mot. Les corps s’emportent au ciel en solo puis en duo, jusqu’à déployer tout leur potentiel dans un finale spectaculaire où ce sont les femmes qui s’envoient en l’air sur des colonnes multiples, tandis que les hommes continuent de se débattre entre eux à terre. Le hip hop spectaculaire de Merzouki n’oublie jamais d’être un tant soit peu politique au milieu de la fête. Tant mieux. L.H.

Vertikal de Mourad Merzouki est visible gratuitement jusqu’au 1er juin sur France Tv << ici >>.