Des centaines de représentations, parfois même sur un même lieu, dans une trentaine de théâtres, rien que pour la Métropole… On ne prétendra surtout pas être exhaustifs face à une telle boulimie, mais heureusement, il y en a pour tous les goûts.

Catherine Hiegel dans Les Règles de savoir-vivre du monde moderne de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Marcial Di Fonzo Bo.

Incontournables et têtes d’affiche

Tout nouveau directeur du festival d’Avignon, Tiago Rodrigues est partout : en ouverture de la saison au TNP avec La Cerisaie et Isabelle Huppert, comme aux Célestins pour deux autres spectacles en tant qu’auteur : Dans la mesure de l’impossible sur l’engagement humanitaire, et Iphigénie, relecture contemporaine du mythe grec, mis en scène par Anne Théron. Un maître du récit poétique, sobre et subtil. Présent aussi sur la scène des deux plus grands théâtres de la Métropole, Thomas Jolly avec deux spectacles aussi différents l’un que l’autre : Arlequin poli par l’amour de Marivaux en mode fluorescent aux Célestins, et Le Dragon d’Evgueni Schwartz au TNP, conte politique tout de noirceur dressé contre le national-socialisme allemand.

Adama Diop et Isabelle Huppert dans La Cerisaie vue par Tiago Rodrigues.

Côté têtes d’affiche, les stars de la Comédie-Française seront là : Dominique Blanc pour reprendre avec Thierry Thieû-Niang La Douleur de Marguerite Duras qu’elle avait créé avec Patrice Chéreau, et Laurent Lafitte en Don Juan de Molière pour Emmanuel Daumas en fin de saison au théâtre de Lyon. Au rayon des classiques au TNP, Jacques Weber incarnera Le Roi Lear pour Lavaudant, et Jérôme Dechamps se mettra lui-même en scène dans L’Avare. Mais le spectacle qu’on attend le plus, c’est l’Othello de Jean-Pierre Sivadier avec Nicolas Bouchaud et Adama Diop, déjà extraordinaire dans La Cerisaie de Tiago Rodrigues l’an passé à Avignon. Deux bonnes raisons donc d’aller le découvrir sur la scène du TNP. Aux Célestins, Catherine Hiegel livrera elle ses Règles de savoir-vivre façon Jean-Luc Lagarce, et Anne Brochet et Philippe Torreton Tout mon amour, d’après Laurent Mauvignier, une des plus belles réussites à la mise en scène d’Arnaud Meunier, désormais à la tête de la MC2 à Grenoble.

Cap sur la Russie

En attendant la programmation internationale du festival Sens interdits à l’automne, les scènes de théâtre semblent vouloir lutter contre la barbarie de la guerre de Poutine en Ukraine en proposant le meilleur de la culture russe. Jean Bellorini à Villeurbanne mettra en scène un “vaudeville soviétique”, Le Suicidé de Nicolaï Erdman (1928), bijou de surréalisme venu de l’Est avec sa troupe habituelle, et un acteur qu’on adore, François Deblock.

Denis Podalydès quant à lui mettra en scène sans jouer un texte rare, L’Orage d’Alexandre Ostrovski – auteur peu connu du XIXe siècle russe – émancipation sentimentale d’une jeune femme portée par Cécile Brune et de beaux acteurs de théâtre comme Philippe Duclos ou Thibault Vinçon (à voir aux Célestins en mars 2023).

Enfin deux grands classiques feront l’objet d’une relecture musclée par des collectifs engagés de la scène contemporaine : La Cerisaie de Tchekhov, encore, par les belges tonitruants de TG Stan – un paradoxe pour la dernière pièce du dramaturge russe ; et les frères Karamazov, l’immense roman de Dostoïevski, adapté par Sylvain Creuzevault dans un spectacle fleuve de plus de 3h, les deux aux Célestins.

Autophagies d’Eva Doumbia au théâtre du Point du jour (photo Gauz).

Avant-garde féministe

Si vous aimez la jeune sève théâtrale, rien ne vaut la scène du théâtre du Point du jour, toujours attentive aux formes et aux compagnies nouvelles. Et c’est dans plusieurs chambres d’hôtels du 5e dont le Fourvière Hôtel qu’Angélique Clairand et Eric Massé on choisi d’ouvrir leur saison avec le collectif féministe Marthe de façon pas banale, pour mettre en scène travailleurs et clients dans ces lieux anonymes pour des portraits de la société d’aujourd’hui. Avec à suivre cette fois sur la scène du Point du Jour, Autophagies d’Eva Doumbia dans lequel vous serez conviés à partager un mafé végé sur scène en musique. Une performance culinaire pas comme les autres pour une saison du Point du jour aux deux tiers féminines, aussi bien du côté des autrices que des mises en scène. Une visibilité qui ne cesse de s’accroître aussi sur les autres scènes avec les démarches originales de Tiphaine Raffier, Christian Jatahy ou Clara Hédouin, ardemment défendues par Jean Bellorini et Florence Guinard au TNP. Sans compter Isabelle Lafon pour Les Imprudents, écriture de plateau radicale pour célébrer les écrits de Marguerite Duras, en écho à La Douleur portée par Dominique Blanc. La saison 22-23 sera féminine ou ne sera pas.

La grande salle des Célestins. (photo Ronan Siri)

Les meilleurs tarifs et formules d’abonnement

En attendant l’ouverture de la billetterie à l’unité en juin, vous pouvez d’ores et déjà vous abonnez pour 4 spectacles ou plus au TNP (17 € la place) ou aux Célestins (tarifs variables selon le placement, à condition de prendre obligatoirement La Trilogie de la Villégiature de Goldoni mise en scène par la co-directrice Claudia Stavisky, pas forcément le spectacle le plus attractif de la saison…). En revanche, des pass trimestriels 3 spectacles très attractifs sont mis en place aux Célestins (automne, hiver, printemps), passant la place jusqu’à 15 € seulement, voire 10 € pour les étudiants, sans compter le tarif dernière minute à 9 €, sachant qu’il est rare qu’un spectacle soit archi-complet du fait des désistements.
Les tarifs à l’unité au TNP restent uniques quelque soit le spectacle, entre 13 et 24 € (à partir du 6 juin), 12 € et même 7 € le samedi soir pour les étudiants.

Les tarifs du théâtre du Point du jour restent attractifs toute l’année : de 13 à 18 € à l’unité en plein tarif, avec des parcours trois spectacles à partir de 30 €, cinq à partir de 40 € ou une carte 10 places pour 100 €, soit 10 € la place à partager… à plusieurs ! (non nominative et cumulative).

Les abonnements pour la saison 22-23 des Célestins à Lyon 2, du TNP à Villeurbanne et du Point du Jour à Lyon 5 sont ouverts. A suivre !