Une créature au casque d’or s’avance montée sur des échasses pour chanter Girls want to have fun en balade electro dans une ambiance nocturne. C’est une des premières qualités du Munstrum théâtre : savoir faire vivre autant la poésie suspendue de Copi que son vaudeville jubilatoire jusqu’à l’épuisement.

En compilant les deux pièces L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer et Les Quatre jumelles, Louis Arene et le Munstrum théâtre en font un cabaret queer aussi drôle que monstrueux, aussi flamboyant qu’assassin. Il n’y a pourtant presque rien d’hystérique ou d’agressif dans ce théâtre qui copule, éviscère, manipule, cogne et gicle, mais avant tout avec l’amour monstre du spectacle vivant sous toutes les coutures.

40° sous zéro
L’Homosexuel traqué par ses deux créatures.

La joie des costumes de Christian Lacroix

Les trouvailles de gags et de situations extrêmes ne manquent pas, mais toujours avec l’esprit enfantin du transformisme. Les costumes de Christian Lacroix n’y sont pas pour rien. Ils apportent les couleurs de la joie et les formes de l’imaginaire à ce théâtre comique démentiel qui tutoie souvent l’effroi, d’une scène d’avortement avalé par le chien à la dispute d’un trans par deux tigresses manipulatrices. On croirait voir du Fassbinder latin. La quatrième jumelle aux cuisses sorties d’un Botero, véritablement diabolique, confirmera la folie contagieuse qui anime la troupe.

Cyndi Lauper et Barbara 40° sous zéro

La grande réussite du Munstrum théâtre avec de 40° sous zéro, c’est de faire aussi bien exister les interludes fantastiques que le comique outré, les mitraillettes de dialogues comme le romantisme cabossé sublimé par les chansons. La parodie d’une Barbara gothique et sévèrement burnée ou la reprise électrique d’un Paradis Blanc en guise d’overdose lyrique sont autant de grands moments. Tout comme le finale de zombies tombant les masques sur la techno du Leviathan de Flavien Berger, pour mieux revenir à la vie par la danse.

Le finale de 40° sous zéro par le Munstrum théâtre.

Copi, bouge, meurs et ressuscite

Bouge, meure et ressuscite pourrait être le credo de Copi. Le Miserere d’Allegri trouve d’ailleurs ici une toute nouvelle destination d’extase qu’on vous laisse découvrir. Vivants, on l’aura été pendant toute la représentation de ces 40° sous zéro bien échauffés. Que ça fait du bien d’entendre une salle pleine aux âges mêlés rire des éclats gore comme du cabaret queer pour se mettre en danger. Un exutoire joyeux.

Les Célestins accueilleront un autre spectacle du Munstrum Théâtre, Les Possédés d’Illfurth, du 20 au 30 mars prochain, cette fois-ci mis en scène et interprété par Lionel Lingelser.