Un peu de culture avant de passer à table ne nuit pas. Trou­vant étrange qu’une cave se reven­dique des vins du Nil, même s’il y a bien quelques vignes en Égypte, nous avons soumis les patrons à la ques­tion. En réalité « Cave nil vino » est une locu­tion latine, pifo­mè­trique­ment parlant du poète Horace. Elle signi­fie  « Prends garde à manquer de vin », tour­nure pleine de toiles d’arai­gnées qui dit le contraire de ce qu’elle semble dire : il faut faire atten­tion à surtout ne pas manquer. Et du vin, il n’en manque pas (200 ref. !).

Cave nil vino, la cave où bien manger

Photos : Pierre Ferran­dis.

On ne va pas décrire la carte.. Un des patrons, Jérôme Saba­tier, travaille dans la dentelle et va visi­ter les vigne­rons au cul du trac­teur.. On lui fait confiance. Vali­dons au passage la clarté et la ligne droite d’un gros plant nantais (R marin de Raphaël Luneau), un cépage lié à une région qui histo­rique­ment faisait fuir, mais qui a enchanté notre apéri­tif. On vous avait déjà parlé du restau­rant Baccha­nales, le restau­rant gastro­no­mique du dessus.

Menu du midi imbat­table

Cave nil vino, au rez de chaus­sée en est la version bistrot – « cave à manger », disent les chefs tatoués. Le cuisi­nier Jean-Baptiste Magno met autant de tempé­ra­ment à l’oeuvre en haut et en bas. Le menu à 26 € nous a remis sur ce chemin garni de fleurs, qui faisait défaut lors de déjeu­ners précé­dents… ailleurs (on ne va pas poukave).

« Un déjeu­ner qui ne sert qu’à s’ali­men­ter est comme plan­ter un clou avec un marteau en poly­sty­rène  » disait le poète Horace. Ici, on ne s’en­nuie pas sous le plafond à la française. Ainsi, le carpac­cio de maque­reau d’une pure fraî­cheur marine, nageait en ban avec des perles du Japon cuites dans du lait d’amande et du lait de coco. C’est le bon côté du tapioca, un contact étrange, un peu comme des œufs de pois­son en caou­tchouc. Excel­lente confron­ta­tion de textures.

Notre meilleur dessert de 2024

En entrée, poin­taient aussi des asperges sauce hollan­daise à la clémen­tine (qu’on appel­le­rait une maltaise si c’était de l’orange). L’an­cienne école, les restau­rants devant lesquels se garaient des citroën DS, l’époque canard à l’orange. On adore. Déli­cieuse aussi la ballot­tine de poulet farcie aux épinards et blettes (et plein de jus de poulet) accom­pa­gné d’une purée de céleri rave. Même couronne de laurier sauce pour le pavé de truite en croûte de noisettes. On avait bien fait de ne pas se limi­ter à la formule. Le mille­feuille minute, praliné choco/noisette maison, cumu­lo­nim­bus de crème fouet­tée à peine sucrée, est notre meilleur dessert 2024. Les vins au verre débutent à 7 €. On vous suggère de passer direc­te­ment à la bouteille. «  In vino veri­tas » disait Néron avant d’in­cen­dier Rome.

Cave nil vino. 31 rue des Remparts d’Ai­nay, Lyon 2e. 04 78 37 47 69. Fermé dimanche et lundi. Formule : 21 € (midi). Menu : 26 € (midi). Morgon Marc Jambon : 45 €. Le soir : carte de diffé­rents plats entre 11 et 17 € comme un poireau brûlé, pralin noisettes et noix ; endive brai­sée aux agrumes sauce maltaise ; cromesquis de pied de veau et salsa piémon­tai­se…